Vents & Voyages

Le tour des Fiz par le désert de platé en 4 jours

Cette année, après les très belles expériences du GR20 et GR54, mon co-randonneur a eu envie de se lancer un petit challenge sportif en solo autour du Viso et du Queyras. J’ai donc profité de cette aubaine pour réaliser moi aussi mon premier trek en solo ! Après avoir longtemps hésité entre plusieurs treks de 3-4 jours, c’est sur le tour des Fiz que j’ai jeté mon dévolu, notamment pour sa relative proximité et son côté sauvage et moins touristique que d’autres randos réputées dans le secteur.

C’est bien beau, mais les Fiz, c’est où ? En fait, la chaîne des Fiz fait partie des pré-Alpes et se situe en face du Mont Blanc, juste à la limite entre les réserves naturelles de Passy et de Sixt-Passy. Comme son nom l’indique, le trek du tour des Fiz permet d’en faire le tour en traversant les deux réserves nationales. Il existe de nombreux sentiers de randonnées et de multiples variantes qui permettent de réaliser cette boucle en 2 jours minimum.

Ayant 4 jours devant moi, je ne voyais pas l’intérêt de me presser, au contraire, tant qu’à être dans la région autant bien en profiter !

Le tour des Fiz en résumé

Départ / Arrivée:

Passy Plaine Joux

Durée:

4 jours

Difficulté:

Moyen (3/5)

Meilleure Saison:

Eté

Bivouac :

Autorisé

Jour n° Étapes Distance (km) Durée Dénivelé + Dénivelé – Difficulté
1 Plaine Joux – Chalets d’Anterne (Alfred Wills) par le lac de Pormenaz 17 5h30 1150 650 ++
2 Chalets d’Anterne – Chalets de Sales par le refuge des Fonts et la cascade du Rouget 24 7h 1500 1450 ++
3 Chalets de Sales – Refuge de Platé par le col du colonney 14 5h 1050 890 ++
4 Refuge de Platé – Plaine Joux par le refuge de Varan 10.5 3h 550 1230 +

Retrouve l’itinéraire détaillée et le GPX à télécharger sur le site AllTrails.

Jour 1: la journée des lacs

Il est 9h30 quand j’arrive au parking de Plaine Joux, et malgré le réveil très matinal, je suis surexcitée. Il fait beau et j’ai hâte de me lancer même si je l’avoue aussi, j’ai un peu peur. Peur de quoi ? Ben, de me perdre, de m’être surestimée et d’en chier plus que de raison, de ne pas réussir à apprécier les paysages sans mon co-randonneur à mes côtés, entre-autres. 

C’est donc le ventre un peu noué que je pars en direction de mon premier objectif de la journée, le lac vert, situé à quelques centaines de mètres du parking. Ce lac est tellement bien caché derrière les sapins que j’ai bien cru ne pas réussir à le trouver ! Mais une fois devant, quelle bien belle découverte pour commencer cette journée !

Des reflets émeraudes avec le mont blanc en toile de fond, que demander de plus ?

lac-vert

Au lieu de continuer sur la route vers le chatelet d’Ayères, j’ai fait un petit détour en revenant sur mes pas pour prendre le sentier dans la forêt, et je ne l’ai pas regretté. C’est en fait de là que j’ai eu le meilleur point de vue sur le lac.

Arrivée au refuge, j’avais le choix entre continuer tout droit vers le lac de Pormenaz ou bien bifurquer vers Ayeres des Pierrières. Comme j’avais lu quelque part qu’une section du chemin vers le lac était un peu difficile, je n’ai pas eu envie de tenter le diable le premier jour et j’ai pris l’autre chemin.

Après quelques mètres assez raides dans la forêt, la sente a finalement débouché sur le lieu dit Ayères des Pierrières, soit un charmant petit village tout en pierres, situé dans un cadre incroyable au pied des falaises des Fiz et face au Mont Blanc de l’autre côté. Le panorama de fou !

ayeres pierrieres
réserve de passy

Fiz-jour1-moede

A partir de ce moment là, le sentier (ou plutôt la piste) entre dans la réserve de Passy. Le paysage devient plus sauvage, plus fleuri aussi, et les premiers sifflements de marmotte se font entendre autour de moi. L’une d’entre elles m’a d’ailleurs bien surprise en passant à vive allure juste devant mes pieds pour aller se cacher je ne sais où.

Le refuge de Moëde Anterne est à portée de vue mais il n’est que 11h30. Bien trop tôt pour entamer l’ascension vers le col d’Anterne ! Du coup, comme il est possible de rejoindre le lac de Pormenaz de ce côté là aussi, je décide d’y monter, espérant y trouver un coin sympa pour ma pause pique-nique.

Même si je ne suis pas du bon côté pour profiter de la meilleure vue sur la chaîne des Fiz, le lac est vraiment très joli avec sa petite île et mérite clairement le détour.

Fiz-jour1-pormenaz

Après cette petite pause, je reprends mon chemin direction mon deuxième objectif de la journée, le col d’Anterne puis le lac du même nom. L’ascension vers le col est plutôt rapide, sans aucune difficulté si ce n’est la pente. En plus, j’ai de la chance car un petit troupeau de chèvres se joint à ma compagnie et me motive pas mal à grimper, à moins que ce ne soit le patou qui les accompagne, qui sait.

En découvrant le paysage de l’autre côté du col, je suis un chouilla surprise et presque déçue car je m’attendais à voir le lac d’Anterne à mes pieds. Mais non, juste une grande plaine. Par contre, les falaises des Fiz sont bien là, et quelles falaises ! Du promontoire on se rend vraiment compte de la hauteur et de la verticalité de ces barres rocheuses. Ce massif semble avoir été posé au milieu d’un plateau, on se demande comment il est arrivé là, c’est hyper impressionnant !

Fiz-jour1-19

Et puis quand on se tourne, la magie opère une seconde fois avec un magnifique panorama sur la pointe noire de Pormenaz, dominée par l’imposante silhouette du Mont Blanc jouant à cache-cache avec les nuages.

Je serais bien restée à profiter de la vue plus longtemps mais, comme souvent au niveau des cols, il y avait beaucoup de vent. J’ai donc poursuivi jusqu’au 3ème lac de la journée, le lac d’Anterne caché en contrebas.

pormenaz

Alors que je rêvassais en descendant sur le sentier, je me suis prise une claque monumentale en revenant à la réalité. 

Face à moi, au milieu d’un vallon verdoyant, j’étais subjuguée par ce lac aux reflets turquoises dans lequel se jetaient les impressionnantes falaises des Fiz. 

SU.BLI.ME.

J’en ai pourtant vu des lacs en France, mais crois-moi celui-là se hisse haut la main dans mon top trois des plus beaux lacs de montagne.

Le décor, les couleurs, le calme, tout était parfait.

Fiz-jour1-anterne

Le genre d’endroit qui invite à se poser et contempler tout simplement. La peur du matin avait depuis laissé place au bonheur d’être là. Je mesurais ma chance d’avoir la forme physique pour atteindre ces merveilleux sites, reculés et encore préservés du tourisme de masse.

Il faisait beau, il faisait bon, il était encore tôt pour rejoindre le refuge. Randonner c’est savoir prendre le temps d’apprécier la nature et les berges du lac semblaient avoir été créées sur mesure pour la petite sieste du randonneur.

Pourquoi résister ?

Fiz-jour1-lac-anterne

Fiz-jour1 (28)

J’ai ensuite tranquillement rejoint le refuge d’Alfred Wills, fin de cette première étape, en milieu d’après-midi. C’était un peu trop tôt à mon goût, mais cela m’a permis de me reposer, de bouquiner et de discuter avec mes collègues de dortoir juste avant qu’une belle averse nous tombe dessus !

  • Repas : je ne me suis pas couchée avec la faim, mais j’ai trouvé la quantité un peu juste pour le dîner. Je déplore aussi le manque de produits maisons pour le petit déjeuner, je ne viens pas en refuge pour manger du Nutella.
  • Sanitaires : Possibilité de prendre une douche chaude pour 2€
  • Electricité / Réseau : Possibilité de recharger ses appareils électroniques selon disponibilité / un peu de réseau juste à côté du refuge

Site du refuge d’Anterne et réservations 

refuge-alfred-wills

Jour 2: la journée des cascades

Les nuits en refuge c’est pratique pour ne pas se trimbaler son matériel de bivouac et dormir au chaud… par contre pour la tranquillité on repassera. Entre ceux qui se lèvent pour les toilettes, ceux qui toussent, ceux qui ronflent et ceux qui se lèvent bien avant l’heure, on ne peut pas dire que la nuit (et les suivantes) aient été très reposantes.

Mais bon, quand tu ouvres la porte du dortoir et que tu tombes sur ça, finalement tu remercies la personne qui t’a réveillée 🙂

Fiz-jour2-matin

Le temps de prendre un bon petit déjeuner et de saluer mes camarades, il est déjà temps de continuer ma boucle autour des Fiz, direction le refuge des Fonts. Cet itinéraire me fait faire un détour car j’aurais pu rejoindre le refuge de Sales, ma destination finale, par les collets d’Anterne, mais je serais arrivée encore bien trop tôt.

A quelques centaines de mètres à peine après le refuge, j’en prends déjà plein les yeux avec une première petite cascade mise en valeur par la luminosité matinale.

J’arrive ensuite rapidement sur les bords de la falaise avec le cirque de Sixt en face de moi. Enfin … ce que j’en devine car avec le soleil dans les yeux la paroi est complètement à l’ombre. Petit conseil à toi, le cirque doit être superbe en soirée quand les rayons du soleil couchant illuminent les falaises … mais pas le matin ! Par contre les falaises des Fiz sont, de leur côté, totalement magnifiées. On ne peut pas tout avoir.

Fiz-jour2-cirque

Je quitte presque à regret ce plateau ensoleillé pour un petit sentier dans la forêt, qui descend, qui descend … une éternité, me semble t-il, avant d’arriver au petit village des Fonts.

J’avais longtemps hésité à passer par là, ou bien à « doubler » l’étape jusqu’au refuge de Platé, eh bien si tu as le temps je ne peux que te conseiller de faire ce détour car les paysages entre Fonts et Sales sont splendides.

La route croise la rivière à plusieurs reprises et à chaque fois, entre gorges et cascades, c’est un émerveillement.

refuge des fonts
refuge des fonts

réserve-passy

Mais le plus beau reste à venir…

Au détour d’un virage, sans prévenir, celle que l’on surnomme la Reine des Alpes jaillit devant moi. De ses 80 mètres de haut, la cascade du Rouget (de son vrai nom) et ses deux ressauts est vraiment impressionnante. Vu son accès très facile il serait vraiment dommage de ne pas profiter de ce tour pour y faire un saut.

cascade-rouget

A partir de là, et jusqu’au refuge de Sales, les cascades s’enchaînent dans des décors grandioses. Mais comme ce serait trop simple comme ça, le petit point négatif c’est que ça grimpe plutôt bien et que le sentier n’est pas vraiment ombragé.

Heureusement, il y a quelques accès faciles à la rivière ! En voulant me rafraîchir un peu, je suis tombée sur une petite plage abritée du soleil, juste en face d’une cascade. Avant que quelqu’un ne me pique le spot, hop réservé pour le déjeuner !

Fiz-jour2-cascade

cascade-pleurotte

Malgré le détour par les Fonts, faut croire que je marche trop vite, car j’étais encore bien trop en avance sur le planning. A ce rythme là, même avec ma pause d’une heure, j’allais arriver au refuge vers 14h.

Les randonneurs rencontrés la veille m’en avaient tous chantés les louanges, et ils avaient raison. Le refuge de Sales est vraiment situé dans un cadre incroyable, à presque 1900 mètres d’altitude.

Quelques cascades plus tard, je pénétrais dans le monde quasi irréelle du plateau de Sales, paradis des épilobes et des lapiaz.

Fiz-jour2-sales

Un rapide tour sur mon appli de rando m’indiquait que, du refuge, je pouvais faire plusieurs randonnées. Ouf, sauvée. Parmi celles possible, j’avais pensé monter à l’un des deux sommets Tête Pelouse ou Tête à l’Ane, mais bien que l’après-midi soit tout juste entamé, la montée jusqu’au refuge m’avait bien cassée les pattes. Je me suis donc « contentée » de pousser jusqu’aux lacs des Laouchets.

Cette promenade n’est vraiment pas compliquée et offre une très belle vue sur les lacs d’un côté et … sur le Mont Blanc de l’autre ! En plus, comme la veille, les nuages gonflaient, annonciateurs d’un orage dans la soirée. Et s’il y a quelque chose qui me passionne, c’est bien les ciels orageux et la luminosité si particulière à cette ambiance.

J’étais comblée.

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Et encore, je ne savais pas le spectacle auquel j’allais avoir droit quelques heures plus tard !

Alors que je m’apprêtais à rejoindre la salle commune pour le dîner, le ciel menaçant s’est transformé sous mes yeux en se parant de teintes roses-orangées propagées par le soleil couchant. Si ce n’était la perspective d’une fondue et d’un crumble à la rhubarbe, je pense que je serais rester plantée là, à admirer la danse des couleurs dans les nuages.

Mais bon, on parle de fondue quand même, faut pas pousser mémé dans les lapiaz orties !

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  • Repas : la fondue est servie en portion individuelle, ce qui est vraiment top et le crumble à la rhubarbe est délicieux. Produits maisons au petit déjeuner avec confiture de myrtille … je me suis régalée !
  • Sanitaires : Pas de douche chaude mais des éviers sont à disposition pour la toilette
  • Electricité / Réseau : possibilité de recharger ses appareils mais aucun réseau au refuge

Site du refuge de Sale et réservations 

Fiz-jour2-refuge-sales

Le matériel de randonnée
Si tu cherches à t’équiper avec du matériel de qualité je te conseille les enseignes / sites suivants, tous spécialisés dans les équipements outdoor:

Jour 3: la journée des belles rencontres

A 8h30 tapante j’étais prête pour ma troisième journée. Au programme, le belvédère du dérochoir puis le col du Colonney avant de rejoindre le refuge de Platé pour ma dernière nuit. 

Le soleil immergeait doucement au dessus des falaises des Fiz, inondant de son aura, la plaine devant moi. 

C’est un des moment de la journée que je préfère lors des treks, quand le soleil se lève et réveil le paysage endormi par sa douce luminosité matinale. Alors que les gouttes de rosée scintillent comme des milliers de diamants éphémères, les couleurs et les formes sont tout de suite magnifiées par les teintes chaudes des rayons.

Certains ont besoin de musique ou de café pour se réveiller, moi j’ai juste besoin de voir le soleil.

matin-soleil

matin-fleurs

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Jusqu’à présent ce trek me ravissait de part ses paysages variés et contrastés, mais à part une marmotte furtive, quelques papillons et beaucoup trop de bipèdes à mon goût, la faune se faisait désirer. Pour une fois que j’avais mon appareil photo avec moi, j’espérais quand même pouvoir en profiter. 

A croire que l’on avait entendu mes pensées, une ombre fugace me sortit de ma rêverie. A quelques mètres de moi, un beau chamois se délectait dans l’herbe bien grasse. Je retenais ma respiration en essayant de sortir mon appareil photo de mon sac avec moult difficultés. C’est toujours comme ça, c’est quand on est pressé qu’on trouve pas les fermetures, que ça grippe, et qu’on n’y arrive pas.

Mais pas cette fois.

Bien que dérangé dans sa tâche, ce beau mâle ne semblait pas trop apeuré. Limite j’avais plus peur qu’il me fonce dessus. Faut dire que depuis que quelqu’un vers chez moi s’est fait encorné par un chamois lors de son jogging, je me méfie…

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Quelque photos plus tard, je repartais vers la pointe du dérochoir.

J’étais encore perdue dans mes pensées, probablement en train de réfléchir à la meilleure défense en cas d’attaque de chamois méchant, que je n’ai pas vu de suite la grosse marmotte étalée sur la pierre juste devant moi. C’est le sifflement persistant et bien trop proche qui a fait tilt. Je ne sais pas si c’est l’herbe du coin qui a une saveur bien particulière, mais là encore, sans une once de peur, madame se prélassait étendue de tout son long en plein soleil.

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Eh ben ! Après le chamois et la marmotte, que me réservait la journée ???

Je n’allais pas tarder à le découvrir après la courte montée menant au belvédère. Une vue époustouflante sur le Mont Blanc, les Alpes, la ville de Passy et les falaises abruptes des Fiz ! Mieux vaut ne pas avoir le vertige car c’est à pic (et pour une fois il n’y a pas de rambardes de sécurité !)

Le passage par le belvédère oblige à faire un petit crochet par rapport au tracé direct par le col de la Portette, mais le panorama vaut largement le détour.

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Je pensais par contre qu’une fois en haut, je pourrais longer les crêtes pour rejoindre la brèche du Dérochoir, la voie ‘périlleuse’ permettant d’accéder directement à Plaine Joux. Loin de moi l’idée de redescendre, mais j’avais lu tellement de choses sur ce passage à risque que cela m’avait assez intriguée pour me donner l’envie d’aller y jeter un oeil.

Cependant le sentier des crêtes ressemblant plus à une voie d’escalade, j’ai préféré jouer la sécurité et faire demi tour. Je ne vais pas t’être d’une grande aide car, de ce que j’ai vu en contrebas, c’est raide sans aucun doute mais les prises étant cachée sur la paroi rocheuse je ne pouvais pas bien me rendre compte. Mais si jamais tu as envie de passer par là, les randonneurs croisés la veille, dont l’une avait le vertige, m’ont confirmée que la voie était bien sécurisée dans le sens de la montée et qu’elle n’avait pas eu le vertige. A la descente, c’est toujours plus compliqué.

En continuant vers Portette, le chemin plutôt bien aménagé jusqu’à présent s’est transformé en un pierrier géant. Tous ces rochers ça m’a rappelé de bons souvenirs sur le GR20 Corse ! J’espérais quand même ne pas avoir à marcher 7h dans cette caillasse car je craignais autant pour la vie de mes baskets de trail que pour mon mental pas encore prêt à supporter autant de cailloux. 

Après une éternité, je regagnais le plancher des vaches avec joie. Et oh, surprise, j’arrivais au point de vue sur les lacs des Laouchets fait la veille. Si j’avais su… j’aurais sûrement tenté une autre randonnée. Mais que veux-tu, c’est l’jeu ma pauv’ Lucette !

plateau-sales

Fiz-jour3-portette

Une petite montée plus tard, du col de Portette, je tournais le dos aux Fiz pour entrer dans le monde merveilleux de Disney minéral du désert de platé. Ce désert encore assez peu connu est pourtant un chef d’oeuvre géologique rare. Accessible à pied seulement, il s’agit d’un des plus vastes plateau calcaire d’europe dont la surface est recouverte de lapiaz, ces formations rocheuses creusées par l’érosion, les glaciers et eaux de fonte au cours des millénaires.

Pour s’y aventurer depuis le col de Portette, il faut redescendre jusqu’au refuge de Platé et bifurquer ensuite vers le col du Colonney. A partir de là, il n’y a plus qu’à laisser la magie opérer (et regarder ses pieds pour ne pas tomber dans une crevasse !).

Des lapiaz j’en avais déjà vu plusieurs fois, notamment en Chartreuse, mais de cette taille là et sur une surface aussi grande, jamais ! Et je peux te dire que même en sachant à quoi ça ressemble, on ne peut être qu’impressionné.e devant ce paysage lunaire. D’autant plus quand on est complètement seul.e.

désert de platé tour des Fiz
désert de platé tour des Fiz

Fiz-jour3-lapiaz

Dans mon planning, afin de bien m’occuper dans l’après-midi et ne pas rentrer trop tôt au refuge, j’avais prévu de monter à la Tête du Colonney, une arrête assez raide avec un beau panorama sur le désert de platé à la clé.

Sauf que, déjà, je n’avais pas imaginé qu’à partir de la Tête des Lindars le sentier serait aussi étroit, à cheval sur une crête. Je n’étais pas hyper rassurée pour tout dire.

Mais surtout, alors que je m’apprêtais à traverser le col caillouteux de Tré l’Epaule, je suis brusquement effrayée par un bruit suspect.

Je lève les yeux, et là, à quelques mètres de moi, je les vois. Les bouquetins.

platé-bouquetins

lapiaz-bouquetins

Une vraie famille, la totale. Une dizaine de mâles, quelques femelles et des petits. Et je comprends rapidement que le bruit qui m’a presque fait sursauter provient d’un gros mâle qui n’a pas l’air très sympathique, probablement pour protéger les femelles et petits quelques mètres devant moi.

Je te résume le topo, je suis prise en embuscade au milieu d’un troupeau, sur une crête, seule. Que  faire ???? *musique dramatique*

J’ai le choix entre forcer le passage et risquer ma vie de me faire encorner par ce bouquetin (oui, je suis traumatisée par les gens qui se font encornés) ou bien faire demi-tour sans aller voir le superbe panorama au sommet de la Tête du Colonney. Suspense, suspense …

Sérieusement vu mon trauma, tu as cru que j’allais tenter le passage en force ? Haha. Non, à la place je suis restée bien sagement sur un rocher, à l’abri du vent et j’ai pris pleiiiiiiiiiin de photos de bouquetins et du panorama déjà superbe de ce point de vue là.

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Après le chamois, la marmotte et les bouquetins, me restait plus qu’à voir un loup, un ours ou un lynx pour que ce trek évolue comme un pokémon du statut super-trek à épique-trek. Mais non, je pense qu’il me reste encore quelques randos à faire avant d’atteindre ce niveau. 

C’est sur ces considérations hautement philosophiques que j’ai entrepris de redescendre jusqu’au refuge où j’ai profité de la belle fin de soirée pour me reposer avant ma dernière matinée.

  • Repas : le repas le plus varié et le plus complet de ces 3 jours. Avec même ma petite part de courgette à la place de la viande ! Quantitativement et gustativement au top ! Par contre concernant l’eau, vu l’isolement du refuge, celui ci n’est pas approvisionné en eau potable et l’eau non potable n’est pas accessible à toute heure (il suffit de demander gentiment pour une carafe d’eau potable).
  • Sanitaires : Pas de douche chaude ni de toilettes. Un cabanon pour la toilette sèche est accessible à quelques mètres à l’extérieur du refuge et une toute petite pièce fermée permet de faire une toilette rapide avec un évier. Niveau confort, c’est très rudimentaire.
  • Electricité / Réseau : Pas de recharge disponible de ce que j’ai vu

Site du refuge de Platé et réservations 

refuge-plate

Si tu cherches où acheter des lyophilisés de qualité, le site Lyophilisé & Co est une vraie caverne d’Alibaba avec un choix impressionnant de lyophilisés pour tous tes repas. Il y en a même pour les végétariens ! Personnellement j’aime beaucoup ce site car on peut classer les lyophilisés par marque et prix, mais aussi selon le rapport calorique de chaque sachet. Parfait pour choisir celui qui te convient le mieux !

Jour 4: Un p'tit tour et Fiz s'en va

Le temps n’était pas au beau fixe ce matin là. Et ma forme non plus. Passé l’euphorie des premiers jours, il est d’usage que mon corps me rappelle à l’ordre vers la 3ème ou 4ème journée. Ça n’a pas manqué… Pour ma défense, y’a eu du bruit dans le refuge jusqu’à près de 23h ! Autant dire le milieu de la nuit pour la marmotte que je suis. Le manque de sommeil et la fatigue qui se fait sentir, il n’en fallait pas plus pour saboter toute mon énergie malgré le petit déjeuner bien complet. 

J’aurais aimé grimper l’aiguille de Varan, mais je savais déjà que le moral ne suivrait pas. Malgré tout, plutôt que de rentrer directement à Plaine de Joux par la voie qui part du refuge de Platé, j’ai tenu à faire le détour par le col de Barmerousse. C’est quand même pas 500m de dénivelé qui allaient m’achever, non mais ! 

Ben si. 

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Je peux te dire que j’en ai chié. Mais qu’est ce que c’était beau ! Vu les paysages hyper variés croisés depuis le début de ce tour des Fiz, je ne pensais pas que cette dernière portion me réserverait de si belles surprises. 

Le chemin qui mène jusqu’au col est splendide, minéral et sauvage, me refaisant encore penser au GR20 par endroits. Sans compter que le ciel orageux rendait les paysages encore plus spectaculaires. Pour tout avouer, j’ai largement préféré cette portion à celle du désert de Platé traversé la veille.

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En arrivant au col, l’aiguille de Varan me paraissait si proche et en même temps tellement inaccessible avec sa pente importante. J’en avais déjà tellement bavé que je ne me sentais pas de grimper là-bas. C’est vrai ça, pourquoi vouloir toujours aller plus haut ? Mis à part le défi sportif, ce n’est pas toujours de là que se trouvent les plus beaux spots. Le ciel noir ne m’incitait pas vraiment à m’aventurer au risque de me prendre de la flotte soit à l’aller avec un risque de glisse important sur les pierres, soit au retour et ce serait bien pire vu la descente qui m’attendait.

Mon tour des Fiz s’est donc terminé tranquillement jusqu’à Plaine Joux, sous un ciel noir et menaçant, mais surtout avec des souvenirs plein la tête !

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Le tour des Fiz - Infos pratiques

Partant seule et ne souhaitant pas bivouaquer j’avais réservé toutes mes nuitées à l’avance dans les refuges. 

Le refuge de Platé offre la possibilité de dormir dans des tentes, un peu à l’écart du refuge et à refaire ce serait l’option que je choisirais car même si le refuge c’est pratique, être réveillée 10 fois la nuit c’est pas possible !

Si tu souhaites plus d’informations sur mon équipement je t’invite à lire mon article sur mon matériel de randonnée (il a été fait pour le GR20 mais s’applique à n’importe quel trek)

La meilleure saison pour réaliser ce trek s’étend de juin à octobre, sachant que début juin il peut encore rester de la neige et que les refuges ferment vers mi-septembre. 

Tout.

Voilà c’est simple, en 4 jours de trek tout est magnifique. C’est ce qui fait que ce trek est intéressant, impossible de s’ennuyer des paysages tellement c’est diversifié.

Le tour des Fiz est de difficulté moyenne, accessible à tous. J’avais pour ma part volontairement ajoutée un peu de difficulté en allongeant mes journées et en choisissant des variantes plus compliqué.

C’est l’avantage de cette boucle, on peut facilement la moduler pour qu’elle corresponde à notre niveau.

Les chiens sont interdits dans les réserves naturelles de Passy et de Sixt Fer à Cheval.

Alors ça te dirais toi aussi de faire cette jolie boucle du tour des Fiz et du désert de platé ?

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