Depuis notre dernière visite dans le nord de la Bretagne, il s’est passé un certain moment avant que l’on se décide à revenir passer des vacances dans cette région. Non pas par manque d’envie, nous adorons tous les deux la Bretagne, mais parce que nos priorités n’étaient pas de découvrir la France. Et puis, le Covid est passée par là. Alors, quand en septembre on cherchait où passer notre semaine de vacances, on ne s’est pas posé la question très longtemps. On retournerait en Bretagne découvrir les deux départements manquants à notre liste, soit l’Ille et Vilaine et le Morbihan. Et pour commencer ces vacances, c’est du côté de la côte d’Emeraude et de Saint Malo que l’on a posé nos valises pour quelques jours.
La vallée de la Rance
Selon mon guide papier, la vallée de la Rance, à cheval entre les Côtes d’Armor et l’Ille et Vilaine, est l’un des plus beaux estuaires de la région, bordé de charmants petits ports. Comment résister ?
Nous commençons la route panoramique à Dinan et remontons ainsi le fleuve jusqu’à Saint Malo, en profitant des paysages et des villages qui jalonnent cet itinéraire.
Sur le papier c’était superbe… mais dans la réalité, quand la brume s’invite à la fête, l’ambiance est quelque peu différente, plus mystérieuse…
L’itinéraire nous fait ainsi passer par la cale de Mordreuc et le charmant village de Saint Suliac. La cale de Mordreuc est réputée tout autant pour son petit port avec vue sur le château de Péhou sur l’autre rive que pour son phoque qui a élu domicile dans le coin. Pas de chance pour nous, on ne l’aura pas vu.
A Saint Suliac, classé parmi les plus beaux village de France, l’ambiance est tout autre. La foule est nombreuses à vouloir visiter l’église fortifiée, l’emblème remarquable de cette petite cité, l’une des plus vieilles églises de Bretagne. Ici les ruelles sont tellement petites et étroites qu’elles sont même appelées des ruettes.
Un itinéraire de 10km et d’environ 2h permet de déambuler et de flâner dans le village à la découverte des principaux d’intérêts. C’est joli, c’est authentique, c’est toute la Bretagne que j’aime !
Quand il fait beau, nulle doute que cette promenade routière doit être encore plus agréable à découvrir, parsemée de criques, de ports et même de malouinières, ces vastes demeures de plaisances construites vers le XVIIème siècle par les riches armateurs installés à Saint-Malo.
Malheureusement, la brume ayant laissé place à la pluie, nous avons préféré écourter nos arrêts afin de rejoindre la cité corsaire plus rapidement et nous mettre au chaud dans une bonne crêperie !
Il faut compter plus ou moins une demi journée pour faire l’itinéraire complet avec tous les arrêts. Tu trouveras plus d’informations sur les sites à visiter le long de la Rance :
La ville fortifiée de Saint-Malo
Rassasiés, avec une crêpe et un kouign Amann dans le ventre, j’aurais bien fait la sieste nous repartons vers Saint-Malo.
Saint-Malo, un passé omniprésent…
Visiter Saint-Malo sans connaître son histoire c’est tout à fait possible, mais ce serait bien dommage pour comprendre ce qui caractérise cette ville de façon si remarquable et pour l’apprécier à sa juste valeur.
Voici donc un résumé en 10 points de l’histoire de Saint-Malo:
- la ville fût tout d’abord construite au Moyen-Age sur le site d’Alet par Saint-Malo avant le transfert du siège épiscopal vers la cité intra-muros que nous connaissons aujourd’hui
- à cette époque, le port stratégique de Saint-Malo est l’objet de conflits récurrents entre les rois de France et les ducs de Bretagne. La ville est ainsi rattachée aux uns et aux autres à plusieurs reprises
- en 1590 et pendant 4 ans, Saint-Malo devient indépendante sous la République de Saint-Malo avant d’être de nouveau rattachée au royaume de France
- le développement économique de Saint-Malo prend son essor avec la découverte des Amériques et les échanges commerciaux avec les Indes au XVIIème siècle, quand les armateurs s’installent dans la région
- Saint-Malo figure au cinquième rang des ports français ayant pratiqué le commerce triangulaire
- l’apogée de la ville se termine lors de la Révolution Française
- au XIXème, la ville développe son tourisme balnéaire et artistique
- pendant l’occupation de la seconde guerre mondiale la ville est fortifiée par les Allemands puis est bombardée à la libération par les Américains qui pensent, par erreur, détruire une importante garnison allemande. Cela a pour conséquence de détruire 80% de la cité intra-muros
- la reconstruction de la cité commence dès le lendemain et se termine en 1972. Cette reconstruction se veut être dans le style historique, sans être purement à l’identique
- depuis les années 70, Saint-Malo est devenue un important centre touristique et port de plaisance
Avec ces informations en tête, il est tout de suite plus agréable de visiter les différents quartiers de la cité Corsaire, entre la presqu’île de la cité d’Alet et la ville intra-muros de Saint-Malo.
Le quartier de la Cité d’Alet
Alors que le co-voyageur souhaite m’emmener directement dans le centre fortifié de Saint-Malo, je tenais aussi à visiter la cité d’Alet. Aller à Saint-Malo et ne visiter que la moitié de son patrimoine historique, très peu pour moi.
J’avais d’ailleurs repéré un très bel itinéraire sur le site internet de Saint-Malo, pour faire le tour des sites intéressants de la presqu’île, mais nous sommes un dimanche, journée du patrimoine, je te laisse donc imaginer, c’était blindé ! Après 15 minutes à tourner virer dans les ruelles à sens unique, nous trouvons finalement une place juste à côté de la tour Solidor.
La tour Solidor, est en fait un donjon situé sur un ancien site gallo-romain et, qui de part sa situation dominante et stratégique sur l’estuaire de la Rance, permettait de contrôler la navigation sur le fleuve.
Depuis la tour, le panorama sur l’anse est très agréable avec ses jardins fleuris. Et malgré le ciel encore voilé, les reflets bleutés de la mer apportent un peu de couleur à ce décor urbain.
J’aurais vraiment aimé découvrir les autres sites remarquables de la cité d’Alet, mais voyant l’heure tourner, nous préférons repartir vers la vieille ville de Saint-Malo. Tant pis pour les jolis belvédères, ce sera pour une autre fois (plus ensoleillée peut-être ?).
Il faut compter environ 1h15 pour faire le tour complet de la cité d’Alet. Tu trouveras plus d’informations sur l’itinéraire pédestre dans la cité d’Alet sur ces sites internet:
Saint-Malo intra-muros
Comme expliqué quelques lignes plus haut, la cité intra-muros a été presque entièrement ravagée à la libération. On comprend donc plus facilement pourquoi à première vue l’ancienne cité historique intra-muros de Saint-Malo semble si contemporaine. Son architecture est particulière avec un mélange de neuf refait avec du vieux, sans être à l’identique que ce qui existait avant la guerre. C’est très (trop?) sobre. Austère même. De grands murs de pierre lisse, avec des fenêtres blanches, répliquées à l’identique sur toutes les façades. On aime. Ou pas. Les goûts et les couleurs… La seule chose qui n’ait pas bougé, ce sont les remparts, intacts !
Donc à Saint-Malo, si tu as bien suivi, le quartier le plus intéressant et donc le plus touristique est celui de la ville fortifiée. Si tu n’as pas beaucoup de temps, alors je te conseille de te limiter à la promenade le long des remparts qui t’offrira de magnifiques vues sur la vieille ville d’une côté et la mer de l’autre.
Ainsi, depuis les remparts tu pourras profiter des nombreux points de vues et sites d’intérêts tels que le phare du Môle des Noires, que tu peux rejoindre aussi à pied et la grande plage du Môle (à marée basse) et sa piscine d’eau de mer. Moi qui croyait qu’on ne trouvait ces piscines qu’en Australie, j’ai été bien surprise d’en voir une ici !
A marée basse, tu pourras même rejoindre l’île de Grand-Bé à pied grâce au chemin pavé submersible. Depuis cette île tu as une vue incomparable sur la cité corsaire et pour ton info c’est aussi là qu’est enterré Chateaubriand.
Enfin, toujours à marée basse, il est possible de rejoindre le Fort National, œuvre de l’architecte Vauban, et de visiter son musée.
Et si tu te demandes à quoi servent ces grands pieux de bois plantés dans le sable, non ce n’est pas pour repousser les vampires 🙂
Il s’agit tout simplement de brise-lames qui protègent les remparts des assauts des vagues.
Bref, tu l’auras compris, pour découvrir Saint-Malo, autant être bien renseigné sur l’horaire des marées. Nous avons eu un gros coup de bol, car sans le savoir nous sommes arrivés juste avant la marée basse. Ce qui nous a permis de voir les îles entourées d’eau puis de les rejoindre à pied ensuite.
Je vais être honnête, autant j’ai adoré les belvédères sur la mer, autant la ville en elle-même m’a laissée sur ma faim. Alors oui, on était un dimanche de journées du patrimoine, oui on se baladait avec un masque, oui le temps était maussade, mais je pense que même sans tous ces points, je n’aurais pas été plus emballée. Quand je visite des villes, ou des villages, j’aime sentir le poumons de ces cités. Voir les enfants sortir de l’école, les artisans travailler devant leur entreprise, les commerçants s’activer à leur devanture… bref, j’aime voir une ville vivante. Mais là, j’ai surtout vu une ville qui ne tournait que pour les touristes. Des magasins de pulls matelots et de cirés jaunes, des boutiques de souvenirs, des rayons de kouign amann alignés… Comme si ce quartier ne vivait que grâce à tout ce flot de visiteurs.
Donc en résumé, oui Saint-Malo c’est incontestablement à voir, mais ne t’attend pas à y trouver l’esprit authentique que l’on peut trouver dans les petits villages le long de la Rance, ni cette architecture typique à la Bretagne avec les maisons en pierre ou les façades à colombage. Ce n’est pas moins bien, c’est juste différent, voire même atypique en fait pour la Bretagne.
Il faut compter environ 2h pour faire le tour complet de la cité d’Alet (ou presque 3h si comme moi, tu t’arrêtes tous les 10 mètres ou que tu vas aussi visiter les îles à marée basse). Tu trouveras plus d’informations sur le tour des remparts sur ces sites internet:
Et si tu as un peu plus de temps devant toi, profites-en pour marcher sur la plage du sillon et découvrir les édifices historiques remarquable le long de la digue.
La côte d’Emeraude
Aaaaah la côte d’Emeraude… rien que le nom est une invitation à la découverte. La première fois que j’en ai entendu parler, sans savoir où cet endroit paradisiaque se situait, mon esprit s’était déjà évadé très loin, dans un lieu enchanteur, bercé par les clapotis des vagues et les chatouillis du sable sur mes pieds.
Le retour à la réalité s’avère un peu… différent !
En effet, si la côte d’Emeraude doit son nom à la couleur émeraude qui teinte la mer à certains endroits, ce n’est pourtant pas sur la côte d’azur qu’on peut s’y promener, mais bel et bien en Bretagne. Le long du littoral nord, entre le cap Fréhel et Cancale pour être plus précis. Cette même côte qui borde la cité corsaire de Saint-Malo.
Donc, quand nous avons décidé de nos vacances, inutile de te dire que la côte d’Emeraude faisait partie de la liste des sites à visiter en Bretagne.
La pointe du Grouin
On avait déjà eu un bel aperçu de ce camaïeu de teintes à Saint-Malo, mais la curiosité nous poussait à aller voir du côté de la pointe du Grouin, l’un des sites emblématique de cette côte.
Et je dois bien t’avouer que nous avons bien fait ! Le ciel s’est soudainement dégagé, laissant place à un grand soleil et nous permettant ainsi de profiter de toute le palette de couleurs qui s’offraient sous nos yeux.
Le site est très bien aménagé avec un grand parking et des petits sentiers de randonnées permettant de rejoindre les différents points de vue. Si jamais cela t’intéresse, sache que le GR34, le sentiers des douaniers qui longe toute la côte bretonne passe par la côte d’Emeraude.
Quel plaisir cela doit être de marcher dans ces décors…. (quand il fait beau, parce que quand il pleut, bon courage !).
Cancale, capitale ostréicole
Tu as sûrement déjà entendu parlé de la ville de Cancale, réputée pour ses huitres et autres coquillages, cultivés depuis l’époque romaine ! D’ailleurs, cette dernière a été classée au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en 2019. Preuve s’il en faut, qu’elles sont bonnes les huitres là-bas !
Donc si tu aimes les huitres, ça tombe bien, c’est l’endroit idéal pour en déguster. Mais si l’aspect visqueux de ces créatures te révulse, ne t’inquiète pas, la dégustation n’est pas obligatoire pour visiter la ville 🙂
Ainsi se termine cet itinéraire de 2 jours le long de la côte d’Emeraude, avec de la brume et de la pluie, certes, mais surtout de magnifiques souvenirs. Cet équilibre parfait entre la découverte de villages bretons authentiques et les sites culturels correspond parfaitement aux souvenirs que j’avais de mon premier voyage en Bretagne.
Que penses-tu de cet itinéraire le long de la côte d’Emeraude ? Tu as d’autres sites à me conseiller?
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