Aux confins de la Haute-Savoie, à cheval entre la France et la Suisse, une région résiste encore et toujours au tourisme de masse à l’envahisseur. Cette région, c’est le Chablais et c’est là où je t’emmène aujourd’hui pour un mini-trek autour des Cornettes de Bise et de la Dent d’Oche. Une variante est aussi possible par le Grammont, à réaliser en deux ou trois jours selon ta forme.
Je t’avoue que comme bon nombre d’entre nous, quand on me parle de la Haute-Savoie je pense tout de suite au massif du Mont Blanc, puis à la région d’Annecy. Mais le Chablais… comment dire… je ne me suis intéressée qu’assez tardivement aux possibilités de randonnées dans cette région. C’est principalement grâce à d’autres blogueurs qui connaissent bien le coin que j’ai eu envie d’aller découvrir les pépites du Chablais, que ce soit côté France ou côté Suisse. Et comme cette région n’est pas très loin de chez moi, ce mini-trek dans le Chablais était l’occasion parfaite pour associer la découverte de nouveaux paysages avec le plaisir de la randonnée et du bivouac, le tout juste sur un weekend !
Mini-trek dans le Chablais en Résumé
Départ / Arrivée:
parking du lieu-dit La Planche, à Novel
Durée
1,5 - 2 jours
Difficulté:
Moyen (3/5)
Meilleure Saison:
Eté
Bivouac :
Autorisé
Jour | Etape | Distance | Durée | Dénivelé + | Dénivelé - |
---|---|---|---|---|---|
1 | La Planche - Refuge de Bise | 15km | 6h | 1550 | 1270 |
2 | Refuge de Bise - La Planche | 17km | 5h | 970 | 1250 |
3 | Variante par le Grammont | 20km | 7h | 1700 | 1700 |
Pour information cette boucle n’inclut pas les sommets car nous n’avons pas eu assez beau temps pour y monter. Elle passe cependant au niveau des cols permettant d’y accéder. Pense à rajouter du dénivelé et du temps pour y grimper.
Si tu as plus de temps tu peux ajouter la variante par le Grammont et le lac de Tanay, en Suisse.
Retrouve l’itinéraire et le GPX à télécharger sur le site AllTrails.
Jour 1 : Les Cornettes de Bise
8h – Nous laissons la voiture au lieu-dit La Planche et nous prenons une bonne respiration avant de nous élancer. Cette randonnée débute directement par une belle ascension de 800m jusqu’à la dent du Velan, autant dire que ça promet d’être sportif !
Les nuages sont encore bien bas en ce début de matinée, ne laissant entrevoir que sporadiquement les sommets au dessus de nos têtes ou le Léman sous nos pieds. Nous sommes en juillet et pourtant l’air frais couplé à l’humidité du sous-bois me congèlent les mains. Cela nous encourage d’autant plus à grimper rapidement pour nous réchauffer.
Au sortir de la forêt nous rejoignons rapidement les chalets de Neuteu d’où nous profitons d’une superbe vue sur les lacs de Neuteu et les sommets suisses voisins qui jouent à cache-cache avec la brume.
Enfin, quelques minutes plus tard nous atteignons le col de Bise. Toute occupée à m’extasier devant le paysage face à moi, je ne vois pas les jeunes bouquetins paisiblement assis dans l’herbe à tout juste quelques mètres de moi !
Ça pour une surprise ! Vu leur nonchalance, il y a fort à parier que nous n’étions pas les premiers bipèdes à croiser leur route. J’avais déjà eu l’occasion de voir des bouquetins pour la première fois quelques semaines auparavant du côté d’Annecy, mais pas d’aussi près. J’étais ravie ! Pour ne pas les déranger plus que ça, nous avons pris quelques photos (quand même !) puis nous nous sommes rapidement éloignés direction les crêtes et la Dent du Velan.
Depuis les crêtes, nous profitons d’un spectacle vraiment incroyable autour de nous. Sur notre gauche, la brume remonte à toute vitesse depuis le lac. En quelques secondes à peine elle nous enveloppe complètement jusqu’à ne plus voir à 20cm, puis comme une vague qui se retire, elle relâche son étreinte aussi rapidement qu’elle est venue en laissant place sur notre droite à un panorama des plus merveilleux sur la vallée baignée de lumière.
Nous avançons tranquillement sur la crête, bercés par le rythme de ces ondulations vaporeuses et profitant de chaque éclaircie pour admirer le paysage en contrebas.
Notre quiétude fût troublée à notre approche de la Dent du Velan lorsque nous avons ‘perdu’ le sentier permettant d’y accéder, comme si une portion du chemin s’était éboulée. T’imagines la scène là, nous sur un petit sentier étroit à flanc de rocher, le sentier que l’on distingue très bien en face à 5 mètres de nous, et au milieu un trou. Voilà, voilà, paye ta chance.
Heureusement pour nous, un autre sentier permettait de contourner la Dent du Velan pour rejoindre la suite du tracé. Pour faire simple on a donc dû couper à travers un champ d’éboulis et de rochers instables, non sans m’être fait une petite frayeur et un gros hématome en tombant dans le pierrier, pour retrouver ce fameux sentier. Ahhhhhh les joies de la randonnée !
Passé le col d’Ugeon sans se faire arrêter par la douane suisse (ouf!) nous profitons d’avoir retrouvé le plancher des vaches et d’être abrités du vent pour nous octroyer une petite pause déjeuner bien méritée après ces péripéties. Qui aurait cru que ce mini-trek dans le Chablais serait aussi palpitant ?
Requinqués, nous sommes prêts à attaquer la deuxième ascension de la journée pour rejoindre le col des Cornettes de Bise. Alors que nous avions principalement évolué dans les alpages en cours de matinée, le décor est radicalement différent de ce côté de la frontière.
Les rochers ont remplacé la verdure et les névés contrastent avec les étendues fleuries de ce matin. C’est austère, c’est superbe. Droit devant nous, les Cornettes de Bise se dressent, fières au milieu du ciel toujours embrumé.
Tu ne rêves pas et non je n’ai pas abusé de la retouche photo, la roche est belle et bien rouge dans les couches basses des falaises ce qui apporte une touche encore plus mystérieuse à ce paysage contrasté.
La dernière partie de l’ascension jusqu’au col se fait en compagnie de nos copains de ce matin qui s’amusent sur les rochers et semblent nous narguer face à notre difficulté à traverser les névés.
Depuis le col la vue est très sympa. Mais comme la brume persiste sur les sommets nous ne voyons pas l’intérêt de monter plus haut si ce n’est se fatiguer pour ne rien voir de plus. Les bouquetins approuvent notre décision et se proposent de nous accompagner pour le début de la descente. Tu pense bien que ce n’était pas de refus 🙂
La descente est bien raide (800m D-) donc si tu fais la boucle dans le sens inverse… ça monte bien ! Et puis pour bien terminer cette journée, rien de plus fringuant qu’une dernière petite montée de 400m jusqu’au pas de la Bosse ! De là, c’est très sympa on voit les endroits où on est passé le matin avec une luminosité différente.
On a atteint le refuge de Bise en fin d’après-midi ce qui nous a laissé un peu de temps pour trouver le spot de bivouac. Finalement, nous avons trouvé un petit coin bien sympa pas loin du lac de Fontaine. Le spot idéal, plat, ombragé… et plein de moustiques qui ont sûrement pris un malin plaisir à nous dévorer pendant qu’on prenait l’apéro en toute insouciance.
Jour 2 : La Dent D'Oche
Malgré les démangeaisons incessantes toute la nuit dues aux piqûres de moustiques, mon moral est sorti de mes chaussettes en même temps que le soleil se levait au dessus des montagnes. Pour commencer la journée y’a rien de mieux !
Nous reprenons la route direction la pointe de Bénévent. C’est un peu la surprise car sur le GPS on n’arrive pas vraiment à savoir si le chemin est praticable ou pas… on risque de se retrouver dans la même configuration que la veille mais tant pis, on tente, on verra bien. #vienotreviedefoufou
La première partie du sentier est vraiment magnifique alors que le soleil se lève et que le ciel est bien dégagé, ça change de la veille ! Lors de la montée, nous entendons les sifflements persistent des marmottes mais impossible de les voir. On comprend assez rapidement qu’il y a un renard dans le coin quand on le voit s’enfuir à toute vitesse à notre approche. Quelques minutes plus tard nous arrivons au chalet d’alpage de la Bouaz Dessus, occupé par les vaches en ce début juillet. Le panorama sur les Alpes est exceptionnel avec la tête toute blanche du Mont Blanc qui dépasse les autres sommets.
Au pied de la pointe de Bénévent, même s’il n’est pas vraiment marqué on distingue bien un sentier qui monte au sommet… étant quand même relativement bien chargés avec nos sacs et avec le douloureux souvenir de la veille nous n’avons pas voulu prendre de risque. Sauf que le sentier que nous avons dû prendre était lui aussi très engagé, très étroit sur une pente raide et très pierreuse par endroit. On va dire qu’on ne faisait pas les malins. Par contre, ce sentier aura été l’occasion d’une nouvelle rencontre avec nos copains bouquetins. Toute une famille était perchée en hauteur et nous regardait nous dépatouiller tant bien que mal pour progresser sur le chemin. Les petits bonheurs des randonnées.
Du col de Floray nous redescendons vers le superbe lac de Darbon. Je ne sais pas s’il arbore cette couleur émeraude tout l’été ou juste au début de la saison quand l’eau est encore gelée tout au fond, mais ce petit lac niché au creux du cirque a vraiment été la très belle surprise de cette deuxième journée de randonnée. Juge un peu toi-même ! On se verrait bien se poser pour niquer, bivouaquer voire piquer une petite tête, non ?
Par contre après la descente, ben faut bien remonter pour passer le prochain col, celui des portes d’Oche. On dit souvent que les changement de météo peuvent être brutaux et inattendus en montagne, et bien on en a fait les frais ! Alors que 30 minutes plus tôt il faisait un temps radieux avec le soleil qui faisait scintiller le lac de Darbon, passé les portes d’Oches nous sommes entrés dans un autre monde tout embrumé avec le lac de la Case droit devant nous.
A ce stade là, compte tenu de la vitesse à laquelle les nuages s’amoncelaient au dessus de nos têtes, on était plutôt d’accord pour ne pas tenter le diable et tant pis pour la vue depuis le sommet de la Dent d’Oche. Au lieu de passer par le col de planchamp, on a donc préféré continuer jusqu’au lac de la Case puis contourner le sommet par le col de Rebollion. Même si la vue est très certainement moins spectaculaire qu’au sommet quand le temps est dégagé, on avait déjà un joli panorama sur le Léman.
La dernière partie de cette boucle passe par les alpages très fleuris en cette saison, jusqu’au col de Neuva, depuis lequel on rejoint rapidement La Planche par la route. Ce tronçon ne pose pas de problème particulier, c’est même plutôt agréable de terminer par des sentiers larges sans fort dénivelé, ça fait du bien aux genoux.
Ainsi nous terminions ce mini-trek dans le Chablais en début d’après-midi, de quoi nous laisser le temps de rentrer tranquillement dans notre contrée.
Variante par le Grammont
Comme je te le disais en introduction, si tu as une journée de plus alors tu peux aussi réaliser une variante / extension par le Grammont et le lac de Tanay situés dans le Valais suisse voisin pour environ 20km et 1700 mètres de dénivelé +.
Ce lac émeraude est magnifique et le panorama depuis le Grammont sur le lac léman est vraiment à couper le souffle. Enfin, ça c’est quand le sommet est dégagé sans brume! Tu remarqueras qu’on a eu un peu la poisse niveau météo… Malgré tout, la randonnée est magnifique dans un cadre sauvage surtout si tu y vas avant le début de l’été. Après, c’est un lac très prisé des suisses le week-end, te voilà prévenu.e.
Mini-trek dans le Chablais - Informations complémentaires
Nous avons commencé cette boucle à La Planche parce que c’était le point de départ le plus proche de chez nous, mais tu peux bien sûr modifier ton itinéraire pour commencer à de nombreux autres endroits.
Concernant le bivouac, cette zone ne faisant partie d’aucune réserve naturelle protégée, ce sont les règles de bivouac standard qui s’appliquent. Même chose pour les chiens.
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Tu connaissais cette belle région ? Tu as d’autres idées de mini-trek dans le Chablais où ailleurs dans les Alpes à me conseiller ?
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