C’est un débat qui anime tous les randonneurs, des néophytes aux plus chevronnés : faut-il miser sur des chaussures de randonnée à tige hautes bien costaudes, ou sur la légèreté et la liberté des chaussures à tige basse ? Sur les forums, chacun y va de son avis, souvent très tranché… et toi, au milieu, tu cherches juste à éviter de transformer ta prochaine rando en épreuve de Koh-Lanta pour les pieds. Pas de panique : on va y voir plus clair ensemble.
Dans cet article, je te propose un vrai tour d’horizon et des conseils très pratiques pour choisir tes chaussures de rando en fonction de ton terrain, de ta morphologie et de ton style de marche. On parlera aussi de semelles, d’accroche et de petites astuces pour ne pas se tromper. L’idée, c’est que tu puisses partir l’esprit (et les pieds) tranquilles.
Chaussures montantes : pour qui, pour quoi ?
Si tu cherches avant tout de la protection et du maintien, les chaussures montantes restent un choix sûr. Elles enveloppent ta cheville, la maintiennent dans l’axe et limitent les risques d’entorse, surtout si tu pars en terrain technique : pierriers, névés, lapiaz ou grosses descentes de montagne.
Autre avantage : avec un sac à dos chargé, elles t’apportent une stabilité supplémentaire. C’est un vrai plus quand ton centre de gravité est plus haut que d’habitude.
Les montantes sont aussi particulièrement utiles :
- En conditions météo difficiles (neige, boue, pluie battante).
- Sur des terrains meubles (sable, poussière, gravier) : elles limitent l’infiltration de petits cailloux et de sable dans ta chaussure.
Attention toutefois : protéger ta cheville, c’est bien… mais attention à l’effet secondaire ! En cas de mauvaise chute, c’est parfois le genou qui encaisse tout. Une cheville « surprotégée » transmet les chocs un étage plus haut. Donc, que tu choisisses montantes ou basses, muscler tes chevilles reste la meilleure des protections.
Néanmoins, les chaussures à tige haute ont aussi quelques inconvénients. Elles sont souvent plus lourdes, plus rigides, et moins respirantes et donc plus de risque d’ampoules au pied pendant les longues marches. Il faudra leur laisser un peu de temps pour se « faire » à ton pied et prévoir de les roder avant d’attaquer un gros trek.
Si tu aimes sentir ton pied libre de ses mouvements, la chaussure basse pourrait bien devenir ta meilleure alliée. Plus légère, souvent plus respirante, elle permet une marche plus dynamique, idéale sur sentier bien tracé ou en terrain roulant.
Mais attention, « chaussure basse » ne veut pas dire « modèle unique » ! Dans cette catégorie, on trouve de tout, et c’est là que ça devient intéressant.
Certaines chaussures basses sont pensées pour le trek sur plusieurs jours. Elles offrent un bon compromis entre confort, durabilité et protection, avec des semelles solides et un bon maintien latéral.
D’autres modèles, inspirés du trail running, misent avant tout sur l’ultra-légèreté et la rapidité. Parfait pour courir en montagne ou marcher vite avec peu de poids sur le dos, mais moins protecteur sur un chemin caillouteux et accidenté.
Et puis, il y a les chaussures d’approche, que je connais bien pour en avoir usé plusieurs paires depuis près de dix ans. Ces petites bêtes sont à mi-chemin entre la randonnée et l’escalade. Leur semelle est particulièrement adhérente (top pour les rochers et les passages techniques), et leur construction assez rigide apporte une précision bienvenue en terrain accidenté. L’inconvénient, c’est qu’elles sont parfois un peu dures sous le pied sur les longues distances, et qu’elles n’aiment pas trop les sentiers ultra-boueux ou détrempés.
Bref, toutes les chaussures basses ne se valent pas et il faudra bien réfléchir à ton usage avant de te laisser séduire par un modèle. Mais une chose est sûre, si ton objectif est de bouger vite et léger, tout en t’adaptant au terrain, elles restent un excellent choix.
Morphologie et expérience : comment adapter son choix ?
Ton choix de chaussures devrait aussi tenir compte de toi : ta morphologie, ton passé sportif, ton niveau d’expérience.
Quelques repères utiles :
- Chevilles fragiles, antécédents d’entorse ? : Montantes recommandées.
- Expérience de la randonnée, bonne tonicité musculaire : Chaussures basses possibles même en terrain un peu technique.
- Grand gabarit ou sac lourd : Plus de stabilité avec des montantes.
- Enfants ou ados : Préférer les montantes pour plus de sécurité.
Et n’oublie pas, renforcer ses chevilles en complément (équilibre, proprioception, petits exercices) te permettra d’être plus à l’aise quel que soit ton choix.
Semelles : la base d’une bonne randonnée
Semelle extérieure : ton lien avec le terrain
La semelle extérieure est ce qui te relie directement au sol. C’est elle qui te donne l’accroche dont tu as besoin pour avancer en sécurité, ou au contraire te transforme en patineur artistique sur une dalle mouillée si elle est mal adaptée.
En fonction de ton terrain de jeu, il faudra faire attention au profil des crampons. Sur des sentiers boueux, par exemple, des crampons profonds et espacés aideront à mieux évacuer la terre et éviteront l’effet « semelle sabot » qui alourdit ta marche. À l’inverse, sur roche sèche ou en moyenne montagne, des crampons plus fins et rapprochés offriront une meilleure adhérence et limiteront les glissades traîtresses.
La qualité de la gomme utilisée joue aussi énormément. Un bon caoutchouc comme celui qu’on trouve chez Vibram® ou d’autres grandes marques te garantira un grip sérieux sur différents types de sols, même humides.
Enfin, la rigidité de la semelle mérite ton attention. Si tu prévois d’évoluer sur des terrains très cassants ou en dévers, une semelle rigide t’apportera plus de précision et protègera la plante de ton pied. Pour des randonnées plus roulantes et confortables, une semelle plus souple sera souvent plus agréable et plus tolérante sur la durée.
La semelle extérieur étant souvent ce qui s’abime le plus vite, et qui nécessite donc de remplacer ta chaussure, il est important d’en tenir compte lors de ton achat. A savoir que certaines marques permettent de remplacer uniquement la semelle une fois celle-ci abimée, au lieu de toute la paire. Pas mal, non ?
Semelle intérieure : le confort souvent oublié
Souvent négligée au moment de l’achat, la semelle intérieure est pourtant l’un des éléments clés du confort global de ta chaussure.
Son rôle est de mieux répartir les pressions, d’amortir légèrement les impacts et de limiter la fatigue plantaire. Les semelles fournies d’origine par les fabricants sont parfois assez basiques. Pour les randonneurs qui cumulent les heures de marche, qui ont des pieds sensibles (voûte plantaire marquée, pieds plats, douleurs aux talons…), ou si comme moi tu as des genoux valgum, remplacer la semelle intérieure par un modèle anatomique et adapté peut faire une vraie différence.
Certaines semelles spécifiques apportent un meilleur soutien de la voûte, corrigent de petits déséquilibres ou améliorent la stabilité globale du pied dans la chaussure. Elles peuvent aussi aider à limiter les échauffements et les ampoules en réduisant les frottements. Bref, changer de semelle intérieure, c’est parfois comme passer d’un vieux matelas à un lit 5 étoiles sans changer toute ta paire de chaussures !
En conclusion : comment choisir ses chaussures de randonnée ?
Si tu dois retenir quelques règles simples :
- Terrain difficile + sac lourd = privilégier les montantes.
- Terrain roulant + sac léger = chaussures basses possibles.
- Chevilles fragiles = montantes recommandées.
- Expérimenté et tonique = libre de jouer avec les basses.
- Quelle que soit ta chaussure, renforce tes chevilles pour limiter les risques.
Et surtout, essaie-les en fin de journée (quand tes pieds sont un peu gonflés), marche, saute, pivote dans le magasin… Parce qu’une chaussure de rando, ça doit être confortable tout de suite. Pas après 50 km !
De mon côté, j’ai eu l’occasion de tester un peu de tout. J’ai commencé avec les chaussures montantes en cuir Lowa Renegade, une valeur sûre. Mais bien trop chaudes pour moi l’été. Mes pieds étouffaient, j’avais des cloques et c’était très inconfortable. Les quelques marmottes croisées le long du GR54 doivent se souvenir de moi et de mes pieds qui puent : ) J’ai donc commencé à me renseigner pour changer, et avec mes problème de genou, c’est là que mon podologue m’a conseillé les chaussures de randonnée à tige basse, couplées avec des semelles orthopédiques. La révélation ! J’ai opté au début pour des chaussures de trail très légères. Pour le coup, niveau confort c’était le top, de vrais chaussons. Par contre, les semelles en gomme et le tissu mesh ont résisté à peine une saison. Rapport qualité prix moyen-moyen (en même temps, pour des chaussures de trail, je ne leur en veux pas!) Et puis finalement, sur conseil du co-randonneur qui avait déjà trouvé chaussure à son pied, j’ai tenté les chaussures d’approche et à ma grande surprise, c’est exactement ce qui me convient. Cela fait donc plusieurs années que je ne randonne qu’avec le modèle de chaussure tige basse La Sportiva TX4 pour toutes mes sorties 3 saisons, et j’utilise en complément des chaussures tiges hautes de la marque Garmont pour les sorties dans la neige.
Chaussures de randonnée hautes ou basses ? Tu l’auras compris, il n’y a pas de réponse unique. Ce qui compte, c’est d’adapter ton choix à ton terrain, ta morphologie et ton projet de rando. Parfois, mieux vaut un modèle un peu plus lourd mais protecteur pour gravir les sommets sans peur. Parfois, la légèreté d’une paire basse te permettra d’avaler des kilomètres sans même t’en rendre compte. L’important, c’est que tes pieds soient heureux, et que tu puisses profiter à fond de ta prochaine aventure !