Après t’avoir raconté les 8 premier jours de notre traversée du Valais sur le Chemin des Cols Alpins entre Aletsch et Grächen dans un précédent article, voici la suite de notre trek sur le sentier estival de la Haute Route entre Zermatt – Chamonix.
- La Haute Route Zermatt-Chamonix en résumé
- Jours 1-2 : Zermatt – Saint Niklaus
- Jour 3 : Saint Niklaus- Lac de Tourtemagne
- Jour 4 : Lac de Tourtemagne – Zinal
- Jour 5 : Zinal– Col de Tsaté
- Jour 6 : Col de Tsaté– Lac des Dix
- Jour 7 : Lac des Dix – Lac de Louvie
- Jour 8 : Lac de Louvie – Lac de Mauvoisin
- Jour 9 : Lac de Mauvoisin – Col des Mille
- Jour 10 : Col des Mille – Lac des Toules
- Jour 11 : Lac des Toules – La Fouly
- Jours 12 – 14 : La Fouly – Chamonix
- Informations pratiques et conseils
La Haute Route Zermatt - Chamonix en résumé
Départ / Arrivée:
Zermatt / Chamonix
Durée:
14 jours
Difficulté:
Difficile (4/5)
Meilleure Saison:
Juillet-Août
Bivouac :
Selon conditions
Tu retrouveras dans le tableau suivant le détail de nos étapes jour par jour.
Spoiler alert : nous n’avons pas commencé à Zermatt et nous n’avons pas terminé à Chamonix. En effet, le sentier qui permet de relier Zermatt à Grächen était fermé en partie l’été dernier à cause d’un éboulement. Et en plus, visiter Zermatt en plein été c’est un peu comme Disneyland à Noël. On a préféré faire l’impasse et y retourner à un autre moment en dehors de la pleine saison touristique. Quant à Chamonix, sachant que nous avions laissé notre voiture à Martigny… aucun intérêt de poursuivre à Chamonix pour ensuite trouver de quoi rentrer à Martigny.
Nous avons donc suivi le sentier de la Haute route Zermatt-Chamonix (qui suit le même itinéraire que le Chemin des Cols Alpins), sur 9 jours entre Grächen et La Fouly, d’où nous avons pris un bus pour rentrer à Martigny.
Si tu souhaites réaliser le parcours en entier entre Zermatt et Chamonix, il faudra compter environ 14 jours.
Les durées mentionnées sont à titre informatif seulement. Elles correspondent au temps réellement effectué (sans les pauses), sachant que nous avons l’habitude de randonner, que nous étions en bonne condition physique et que nous portions respectivement 10 et 20kg dans nos sacs à dos. Dans le doute, tu peux ajouter 1h pour estimer la durée réaliste d’une étape (toujours sans les pauses).
Il est tout à fait possible de découper ce parcours en plus ou moins d’étapes selon ta forme, ton rythme et surtout tes envies !
Jours | Etapes | Distance (km) | Durée | Dénivelé + | Dénivelé - | Difficulté |
---|---|---|---|---|---|---|
1-2 | Zermatt - Saint Niklaus | 33.3 | 14h | 1840 | 2350 | ++ |
3 | Grächen – Lac de Tourtemagne | 23.3 | 9h | 1350 | 1600 | +++ |
4 | Lac de Tourtemagne – Zinal | 17.3 | 6h | 810 | 1300 | ++ |
5 | Zinal – Col de Tsaté | 19.6 | 9h | 1880 | 1060 | +++ |
6 | Col de Tsaté – Lac des Dix | 22.4 | 9h30 | 1510 | 1620 | +++ |
7 | Lac des Dix – Lac de Louvie | 17.1 | 6h30 | 1030 | 1200 | ++ |
8 | Lac de Louvie – Lac de Mauvoisin | 12.6 | 4h30 | 630 | 740 | + |
9 | Lac de Mauvoisin – Col des Mille | 24.4 | 9h30 | 1520 | 1380 | +++ |
10 | Col des Mille – Lac des Toules | 18.3 | 5h | 580 | 1000 | + |
11 | Lac des Toules – La Fouly | 21 | 7h30 | 1200 | 1430 | ++ |
12-14 | La Fouly - Chamonix | 53 | 24h | 3500 | 4100 | ++ |
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Jours 1-2 : Zermatt – Saint Niklaus
N’ayant pas emprunté cette portion, je ne pourrais donc te la décrire précisément.
Je peux néanmoins te dire que depuis Zermatt il faut suivre les panneaux 27: Tour du Mont Rose et que l’un des moments forts de cette étape est la traversée de la passerelle suspendue Charles Kuonen, la deuxième plus longue au monde avec ses 494m !
Malheureusement, la portion après la passerelle qui permettait de rejoindre Grächen est désormais déconseillée (et n’est peut-être même plus indiquée) suite à un éboulement qui a détruit une partie du sentier. Tu as donc le choix de descendre à Randa et prendre le train / bus jusqu’à Saint Niklaus pour « gagner » une étape, ou de marcher le long de la route sans grand intérêt.
Le bivouac est interdit dans toute la vallée de Zermatt ainsi que dans la ville et ses environs.
Jour 3 : Grächen – Lac de Tourtemagne
Une bonne nuit de sommeil dans l’auberge de jeunesse (que je recommande grandement) et nous sommes prêt à dévaler les vallées du Valais !
Et c’est d’ailleurs par une belle descente que nous commençons afin de rejoindre Saint Niklaus un peu plus bas d’où nous prenons le téléphérique pour remonter sur l’autre versant jusqu’au village de Jungen. Nous aurions pu monter à pied, c’est vrai, mais l’étape prévoyant déjà un bon dénivelé de 1300 mètres, nous ne nous voyions pas y ajouter 800m de plus. Et en plus ce téléphérique c’est une aventure ! Une petite boite à savon avec tout juste 4 places sur une pente bien raide… rien n’aurait pu me faire plus plaisir.
Je priais juste pour que nos sacs attachés à l’extérieur ne tombent pas 1000m plus bas !
Nous commençons par rejoindre une belle terrasse ensoleillée avec un superbe panorama sur la vallée de Zermatt et ses glaciers 500m plus haut. Le Cervin se cache derrière les sommets à droite, nous n’aurons donc pas eu la chance de l’admirer. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois !
Le sentier devient ensuite plus minéral avec la traversée d’un énorme pierrier jusqu’au col très lunaire de l’Augstbordpass.
Quelques centaines de mètres plus bas, nous retrouvons la verdure. Je ne crois pas l’avoir déjà mentionné, mais ce que je trouve sublime dans le Valais, outre les montagnes et les glaciers, c’est les différentes végétations que l’on peut y trouver en fonction de la vallée.
Parfois nous sommes entourés de hauts conifères, ou de mélèzes et la vallée suivante nous sommes transportés dans la garrigue et le maquis du Valais. C’est comme si nous passions des paysages de Haute-Savoie aux Hautes-Alpes comme ça, juste par un col. Et oui, retrouver ici des paysages similaires à ceux du sud de la France, je trouve cela assez surprenant.
On y retrouve les paysages et la chaleur qui va bien avec aussi !
A la bifurcation, au lieu de continuer sur le sentier N°6 du Chemin des Cols Alpins, nous décidons de faire un détour vers le barrage de Tourtemagne. En effet, n’ayant pas de retard sur notre planning et étant relativement en bonne forme, nous avons l’idée un peu folle de faire l’ascension du Barrhorn le lendemain. Perché à 3610m, c’est le plus haut sommet des Alpes accessible à pied sans équipement d’alpinisme. Alors, même si d’habitude les sommets c’est pas notre truc, s’il n’y en a qu’un seul à faire, autant choisir celui-là. Comme on dit « l’occasion fait le laron », on est sur place, autant en profiter.
En milieu de semaine, on se dit naïvement que le refuge ne sera pas complet. C’est donc avec mon optimisme légendaire que j’appelle. Et… je vois rapidement poindre la déception quand on m’informe qu’il n’y a plus de place dispo avant la semaine suivante. Quelle poisse !
Tant pis, on y va quand même et on trouvera bien un endroit pour bivouaquer près du lac. Ce qui nous ennuie surtout, c’est qu’on espérait pouvoir laisser nos affaires au refuge afin de ne monter qu’avec le minimum… on a encore quelques kilomètres devant nous pour y réfléchir !
Alors que je suis absorbée par ce problème insoluble en l’état, la vue qui s’offre à nous au détour d’un virage me laisse sans voix.
Un immense glacier suspendu semble nous défier. « Oserez-vous bivouaquer à mes pieds ??? »
Oh oui, et plutôt deux fois qu’une ! Nous avions déjà plus de 20km et 8h de marche dans les pattes, je ne rêvais que de poser mes fesses pour contempler ce monstre glacé. Nous avons de la chance, aucun panneau pour nous interdire de bivouaquer par ici. Au top !
Sauf mention contraire, le bivouac est autorisé sur cette étape.
Jour 4 : Lac de Tourtemagne - Zinal
Si la motivation de la veille était à son maximum, la nuit merdique sous le vent et la pluie aura eu raison de nous. Même si la pluie s’était arrêtée à notre réveil, les nuages menaçants sur nos têtes ne nous donnèrent pas vraiment envie de tenter l’ascension. Prudence est mère de sûreté, on part sans regrets.
Direction le col de la Forcletta !
Le soleil finit par faire son apparition, en même temps que le vent ce qui ne m’incite guère à prendre beaucoup de photos lors de l’ascension ni même au col en plein vent.
La descente, bien que longue se fait très facilement. Nous sommes d’ailleurs surpris de constater que nous sommes attendus avec des ravitaillements. Ah non, ce n’est pas pour nous mais pour les courageux traileurs qui réalisent ce jour là la course Sierre – Zinal. On doit partager le sentier, cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas croisé autant de monde sur le chemin !
Au lieu de reprendre l’itinéraire du trek Zermatt-Chamonix qui rejoint Grimentz, nous dévions encore une fois direction Zinal où nous attend le père Noël en avance !
En effet, nous nous étions envoyé un colis en poste restante à mi-parcours. De quoi se faire un super gueuleton à prix raisonnable, et surtout refaire le plein de lyophilisé pour les 3 prochains jours sans traverser de village.
Je ne sais pas si c’est l’odeur du colis, mais bizarrement nous avons marché d’une bonne traite cet après-midi là 😀
A mi-parcours, nous en avons profité pour nous octroyer une journée off à Zinal. L’occasion de nous reposer, de bien manger et de reprendre des forces avant de repartir pour « le dur » du trek.
Je ne sais pas du tout si le bivouac est possible autour de Zinal, car nous avons tout de suite privilégié le camping de la Tzoucdana, que je recommande.
Jour 5 : Zinal - Col de Tsaté par le lac de Moiry
Frais comme des gardons et rassasiés comme un valaisan après une bonne raclette, nous somme prêts pour les 3 grosses journées qui nous attendent.
Au programme de la journée, nous commençons direct par une belle ascension de 1200m jusqu’à la Corne de Sorebois au dessus de Zinal. Le panorama d’ici est sublime avec une vue plongeante sur le lac de Moiry en contrebas dans l’autre vallée. Le ciel chargé de nuage ne fait que renforcer le contraste entre la verdure des alpages et le bleu intense du lac. Juste magnifique !
La descente jusqu’au barrage se fait relativement facilement, si on exclut les vaches aggressives qui tentent de nous charger. La faute au co-randonneur qui ne peut s’empêcher d’essayer de leur faire des gratouilles sur le museau…
Au barrage, accessible en voiture, il y a foule ! En même temps, on comprends, c’est vrai que c’est superbe ici. Alors que la plupart des visiteurs viennent pour faire la randonnée du tour du lac, de notre côté nous devons choisir quelle rive emprunter pour rejoindre le col de Tsaté. Finalement nous optons pour la rive gauche, celle qui semble jouir du plus beau point de vue sur le lac et le glacier juste en face de nous.
Le sentier est très agréable, avec une pente douce. Parfait pour ne pas se cramer après la montée matinale. Nous en profitons d’ailleurs pour nous poser le temps de manger un morceau (et d’alléger nos sacs de nouveau bien remplis).
Nous poursuivons ensuite le sentier vers le lac du Lauché, servant de base de pique-nique pour de nombreux randonneurs. Tu aimes le calme ? Va chercher plus loin 🙂
A partir de là, le sentier devient un peu plus abrupte, avec quelques passages dans les rochers. Mais la récompense au lac de la Bayenna vaut bien tous les efforts ! Entouré d’une vaste prairie fleuries, les sommets se reflètent dans les eaux limpides du lac.
En contrebas nous apercevons même le lac de Chateaupré et sa couleur d’un bleu laiteux si caractéristique des lacs glaciaires. C’est grandiose ! Pour un peu je regretterais presque de ne pas être passée par l’autre rive. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois. (A force de dire ça je vais devoir me reprendre 3 semaine pour re-visiter tous le Valais !)
Déjà bien fourbus par le dénivelé réalisé, nous nous prélassons quelques instants au bord du lac avant de reprendre la dernière ascension jusqu’au col de Tsaté. Comme souvent à ces altitudes, c’est dans la caillasse que nous terminons la petite centaine de mètres jusqu’au col.
Une fois de plus, c’est splendide.
Venteux, mais magnifique, comme chaque seconde passée depuis le début de notre trek sur la Haute Route Zermatt Chamonix.
A peine le temps de reprendre notre souffle et nos esprits après les « wahooooou » de circonstances, nous laissons passer quelques randonneurs venant de l’autre côté, pour nous engouffrer à notre tour sur la pente vertigineuse devant nous.
Notre objectif du jour est simple: le lac de Tsaté à nos pieds.
L’endroit est parfait pour poser notre tente. Et ce ne sont pas les millions de moustiques présents qui diront le contraire.
Ce soir là, posée sur un rocher à contempler le coucher de soleil, je me dis que j’ai quand même une sacré chance de pouvoir réaliser cette aventure !
Parce que oui, il y a beau avoir de la motivation, il y a aussi une grosse dose de chance. La chance d’avoir mes deux jambes et d’être en forme (ce qui n’était pas gagné et qui était clairement ma plus grande angoisse le jour du départ!), la chance d’habiter à côté de ces montagnes et de pouvoir y accéder facilement, la chance de pouvoir prendre des congés l’été et surtout, « last but not least » comme dirait les anglais, la chance d’avoir un co-randonneur avec qui partager cette aventure. Parce que tout seul, c’est fun, mais à deux c’est bien mieux 😀
Sauf mention contraire, le bivouac est autorisé sur cette étape, à partir du lac de Moiry.
Jour 6 : Col de Tsaté - Lac des Dix par le col de Riedmatten
A défaut d’avoir profité du coucher de soleil la veille, j’ai au moins pu commencer la journée avec un magnifique lever de soleil sur les sommets. Les plaisirs simples de la vie.
Nous rejoignons rapidement le village des Haudères, que nous avions eu l’occasion de découvrir en hiver, d’où nous retrouvons le sentier du trek Zermatt-Chamonix. Nous décidons cependant de ne pas le suivre et d’emprunter un autre chemin dans le bas de la vallée pour nous éviter trop de dénivelé. L’objectif étant de passer le col de Riedmatten dans l’après-midi, nous avons besoin de garder notre énergie.
Pour info, le sentier « bis » que nous avons suivi n’était vraiment pas agréable (humide et lourd en forêt, super chaud et étouffant près du lit de la rivière). Si tu souhaites « sauter » cette étape, je te conseille de prendre le bus.
Nous profitons de la mini-supérette d’Arolla pour prendre des boissons bien fraîches avant d’entreprendre la longue ascension jusqu’au col de Riedmatten. Je ne vais pas te mentir, ce col est la portion la plus technique et la plus dangereuse de tout ce trek entre Zermatt et Chamonix.
Pour l’info, le sentier passait auparavant par le pas de la chèvre, situé juste à côté. Un col aussi très technique et vertigineux, relevant presque plus de la via ferrata que de la randonnée avec ses nombreuses échelles, mais considéré moins dangereux (car plus sécurisé avec les échelles) que le col de Riedmatten.
Un éboulis au pied du col a cependant rendu l’accès à ce dernier depuis le lac des Dix plutôt compliqué, la raison pour laquelle le sentier passe par le col de Riedmatten, qui lui est tout aussi dangereux qu’avant 🙂
Bref, on ne sait pas à quoi s’attendre à part que « c’est dangereux ». En tout cas, depuis Arolla, ça passe crème. Si on oublie la chaleur incroyable ce jour-là, la montée est longue, mais la pente n’est pas si raide comparé à d’autres endroits. C’est surtout à partir de l’intersection avec le chemin qui mème au pas de la Chèvre que ça se complique.
Le sentier devient plus abrupte et nécessite de nombreuses pauses pour s’hydrater, mais rien de comparable à ce qui nous attend de l’autre côté. D’ailleurs, on monte, on monte mais on ne distingue toujours pas le col…
Et puis, soudainement, une fenêtre dans la roche me permet de distinguer brièvement l’autre côté et le Mont Blanc de Cheillon qui domine. D’un vallon verdoyant, nous passons à un champ de glace et de roche. Le contraste est saisissant.
Mais ce qui est encore plus impressionnant c’est ce fameux col de Riedmatten !
Col est un bien grand mot pour désigner cette minuscule brèche dans le roche où nous pouvons à peine tenir à deux côte à côte. Il ne faut pas avoir le vertige pour se tenir là, heureusement qu’il y a déjà la main courante pour se tenir.
Comme prévu, le sentier est très raide pour descendre, avec tout juste un câble auquel s’accrocher pour ne pas glisser. Le problème n’est pas tant la pente, que le sol instable, propice aux glissades et dérapages. Je pense que la difficulté est moindre dans le sens inverse, c’est toujours plus facile de grimper.
On y va lentement mais sûrement, en prenant soin de bien planter nos bâtons devant nous pour assurer un maximum d’appuis sur ce terrain glissant. La main courante s’arrête un peu trop tôt à mon goût alors je préfère ne pas tenter le diable et terminer sur les fesses.
En descente avec le poids du sac à dos, une bascule en avant est trop vite arrivée et je ne tiens pas à terminer ma vie entre les rochers de la moraine en contrebas.
Nous redescendons dans le pierrier, le long du glacier de Cheillon, où nous avons réussi l’exploit de nous perdre ! En effet, nous avons probablement raté le balisage à un moment donné ce qui nous a écarté du « chemin » dans le pierrier. Impossible de réussir à le retrouver ! Il était déjà près de 17h et nous n’avions qu’une envie, rejoindre la cabane de la Barma, non gardée en semaine pour y dormir. Mais pour le moment nos efforts se concentraient sur ce pierrier interminable.
Les muscles de mes cuisses étaient en compote, alors escalader ces rochers à perte de vue… pfiou, une vraie torture. Heureusement, on a fini par s’en sortir comme des grands.
Alors que le soleil déclinait de plus en plus vite, nous pensions ne jamais arriver au lac des Dix. Je t’épargnerai mon moral à cet instant. Seule l’idée de savoir que nous n’étions qu’à quelques kilomètres à peine de notre objectif, me faisait avancer. Il faut dire qu’après la grosse étape de la veille, cette deuxième grosse journée de plus de 10h nous laissait sur les rotules.
Je peux te dire que nous n’avons pas trainé ce soir là quand nous avons enfin atteint notre spot de bivouac !
Le bivouac est interdit dans toute la réserve protégée située entre le Val d' Hérens et le Val de Bagne. Plusieurs cabanes sont accessibles sur le parcours ainsi qu'un camping à Arolla. Comme mentionné, le refuge de Barme n'est gardé que le week-end mais reste accessible en semaine (sans possibilité de se ravitailler).
Pour tes repas, si tu cherches où acheter des lyophilisés de qualité, le site Lyophilisé & Co est une vraie caverne d’Alibaba avec un choix impressionnant de lyophilisés pour tous tes repas. Il y en a même pour les végétariens ! Personnellement j’aime beaucoup ce site car on peut classer les lyophilisés par marque et prix, mais aussi selon le rapport calorique de chaque sachet. Parfait pour choisir celui qui te convient le mieux !
Jour 7 : Lac des Dix - Lac de Louvie
Epuisée par les précédentes journées, j’ai dormi comme un gros bébé. Ce ne fut pas le cas du co-randonneur qui n’était vraiment pas en forme ce matin là.
La première ascension de la journée vers le col des Roux fut tellement laborieuse que pour une fois je pouvais profiter du paysage et prendre des photos à loisir. Ce qui n’était pas hyper rassurant en connaissant le reste de l’étape.
Nous étions monté au col des Roux environ 1 mois plus tôt, en préparation du trek, et nous avions pu voir de nombreux bouquetins et marmottes. Je me réjouissais d’en voir à nouveau mais apparemment ce n’était pas le bon jour, aucun animal à l’horizon.
Nous décidons alors de nous arrêter au refuge de Prafleuri prendre une collation. Normalement un bon repas et ça repart.
Normalement, mais pas cette fois là.
Si l’ascension au col des Roux avait été laborieuse, celle jusqu’au col de Prafleuri, a été très très compliquée. Pas facile d’avancer quand on n’a plus de jus. Le contre-coup des précédentes journées sans nulle doute. Et puis, cette collation n’était peut-être pas la meilleure idée qui soit juste avant une ascension.
Mais, si on met ce petit incident technique de côté, niveau paysage on assistait à du lourd. Du très lourd même. Depuis le col de Prafleuri à tout juste 3000m, le plus haut col de ce trek entre Zermatt en Chamonix, le spectacle à 380° était grandiose. Ciel bleu, glaciers, sommets, lacs… tout y était. Même le co-randonneur qui avait réussi à monter 🙂
De l’autre côté, le paysage lunaire était tout autant incroyable. Le Grand Désert, que ça s’appelle. Ben tu comprends vite pourquoi. A part des cailloux… y’a que des cailloux. Et quelques lacs glaciaires bleu turquoise pour couper la monotonie du gris.
Le truc rassurant c’est que la cabane de Louvie, notre destination du jour, était indiqué à 4h de marche. Easy Peasy Lemon Squeezy !
Ahaha, naïfs que nous étions…
La première difficulté arriva très rapidement, quand il fallu rejoindre le col suivant. Un gros névé nous attendait. Le premier depuis le début du trek. Nous étions mi-août mais cette étape étant la plus haute en altitude, ce n’était pas très étonnant.
Les traces des autres randonneurs étaient bien faites, nous n’avons rencontré aucun problème pour grimper. La vue était là encore juste splendide avec ces lacs glaciaires à nos pieds.
Comme nous pensions que nous avions le temps, nous avons profité du plateau rocher où nous étions pour pique-niquer et laisser le temps au co-randonneur pour se reposer.
Après une bonne heure, nous sommes repartis avec pour objectif le troisième et dernier col de la journée; le col de Louvie avec tout juste 100m de dénivelé. Faciiiiiile !
Sauf que nous n’avions pas anticipé le gros problème qui se présentait devant nous. Ce qui devait être une petite rivière de fonte des glaces en temps normal s’était transformée en mini torrent à cause de la fonte tardive de cette année.
Résultat : impossible de traverser à l’endroit indiqué. La rivière était bien trop large et trop profonde.
Motivés, on a essayé de trouver un autre endroit plus facile d’accès un peu plus loin, mais non rien de rien. On s’est résigné à traverser à l’endroit indiqué en enlevant nos chaussures. Parce que oui, marcher dans des chaussures mouillées qui n’auront pas le temps de sécher. Hors de question ! Je t’épargne le fait qu’en tant que non ancienne championne olympique de lancer de javelot, j’ai lancé ma chaussure dans la flotte. #epicfail J’ai eu la chance qu’elle se coince dans les rochers, sinon je ne sais pas ce que j’aurais fait avec une chaussure en moins !
Dans une eau proche de 0°C, j’ai failli perdre mes deux pieds aussi. Mais bon, tout est bien qui fini bien. Plus d’une heure de perdue juste pour traverser cette foutue rivière et nous devions encore passer le col… lui aussi sous la neige.
A cause des névés, le chemin n’était plus du tout balisé, nous faisant encore perdre du temps à trouver le meilleur passage. Et cette fois-ci, le passage dans le névé était plus compliqué que le précédent, notamment à cause de la pente plutôt importante. Tu ajoutes le fait qu’en fin d’après-midi la neige est molle et glissante, en résumé ce ne fut pas une partie de plaisir !
Je ne te cache pas notre joie à notre arrivée au col ! Enfin ! Nous avons mis 4h pour rejoindre le col de Prafleuri au col de Louvie, heureusement que nous n’étions pas en retard sur notre itinéraire !
A part le gros pierrier qui nous attendait derrière le col, la suite et fin de cette journée épique n’a pas posée de problèmes particulier. Le sentier en balcon nous a offert un superbe panorama sur le lac de Louvie en contrebas, et le Grand Combin en arrière plan. Une vraie carte postale !
Alors qu’on se demandait où nous allions pouvoir poser la tente, sachant que nous étions toujours dans la réserve protégée avec interdiction de bivouac, nous sommes tombés sur une petit cabane en pierre avec un sommier en bois à l’intérieur. Un message sur la porte nous informait que le Val de Bagnes met ces cabanes à disposition des randonneurs. Un grand merci à eux, c’était exactement ce dont on avait besoin ce soir là.
Le bivouac est interdit dans toute la réserve protégée située entre le Val d' Hérens et le Val de Bagne. Plusieurs refuges gardés sont accessibles sur le parcours ainsi que plusieurs cabanes non gardées (et très rustiques) juste avant le refuge de Louvie.
Jour 8 : Lac de Louvie - Lac de Mauvoisin
En entendant l’orage gronder et la pluie tomber à verse toute la nuit, qu’est ce qu’on était bien dans notre petit cabanon 🙂
Malgré cela, la nuit n’aura pas suffit à requinquer le co-randonneur, encore peu en forme ce matin là avec des douleurs naissantes aux chevilles.
Après les photos d’usage du lever de soleil, nous repartons tout en sachant que nous allions couper cette étape en deux. En effet, ça ne sert à rien de forcer, nous avons de la marge pour terminer en temps et en heure, donc autant en profiter pour reposer le corps.
La descente se fait très bien, avec une vue toujours aussi sublime sur le lac de Louvie et le Grand Combin et une belle mer de nuage dans la vallée.
Après le refuge, la pente est bien plus raide, nous obligeant tous les deux à prendre notre temps pour ne pas fatiguer nos articulations plus que de raison.
Plutôt que de suivre l’itinéraire balisé menant directement au lac de Mauvoisin, nous redescendons au village de Fionnay où nous espérons trouver un logement pour la nuit et surtout, un bon restaurant pour le co-randonneur en manque de fromage !
Nous trouverons notre bonheur au restaurant le Mazot et à l’auberge de jeunesse-dortoir du village où nous étions complètement seuls !
Le lendemain, après quelques courses, nous rejoignons tranquillement le magnifique lac de Mauvoisin situé sur les hauteurs où nous trouvons là aussi une cabane où passer la nuit.
Le bivouac est interdit dans toute la réserve protégée située autour du Val de Bagne ainsi qu'autour du lac de Mauvoisin. Possibilité de loger au dortoir de Fionnay (super petit déj avec produits frais de la ferme) ainsi qu'au camping à Bonatchiesse.
Jour 9 : Lac de Mauvoisin - Col des Mille
Nous ne savions pas encore ce que la journée nous réservait, mais à postériori je peux te dire que nous avons très bien fait de nous reposer les journées précédentes !
Outre le fait qu’il s’agisse (à mon avis) de la plus belle étape de tout ce trek, elle a surtout été la plus longue avec près de 30 km ! La faute au terrain où il était impossible de poser une tente. Mais j’y reviendrais.
Nous prenons de la hauteur rapidement pour passer par les Rochers de Pierre à Vire, d’où nous profitons d’un magnifique panorama sur le lac, tout juste éclairé par les rayons du soleil à cette heure matinale. A nos pieds, les fleurs recouvertes de rosé brillent comme des petits diamants.
Alors que je ne les cherchais pas, je découvre même des Edelweiss. Des tapis d’Edelweiss ! La journée commence plutôt très bien 🙂
Après cette petite ascension, nous redescendons aussi rapidement pour remonter de plus belle sur l’autre versant, vers la Tseumette. Nous sommes supposés profiter d’un beau panorama sur le lac et le glacier du Gietro… mais pas très facile avec la brume qui s’est levée. Je suis en stress car j’ai peur que la brume ne vienne gâcher les paysages de cette étape, l’une des plus belle d’après ce que j’avais pu lire ici et là.
Considérant que le co-randonneur avait pu se reposer les derniers jours, je fais preuve de peu de patience et nous dépêche à grimper jusqu’au col des Otanes.
Dès lors, le décor se transforme assez radicalement. Les fleurs se font très rares, remplacées par un paysage austère et minéral. Nous traversons quelques névés, très longs mais rien de méchant comparés à ceux rencontrés avant le col de Louvie quelques jours plus tôt.
Le vent se lève et je ne peux m’empêcher de jeter des regards inquiets derrière moi pour voir si la brume poursuit son inexorable ascension. Difficile à dire…
Nous passons quelques échelles sur le sentier à flanc de paroi avant d’arriver au niveau d’un grand plateau rocher.
Face à nous, tel la grande muraille glacée de Game of Thrones, le Combin de Corbassière et son imposant glacier semblent surgir de terre pour nous prévenir des dangers à venir.
Les yeux scotchés à cet immense façade rocheuse, je continue d’avancer jusqu’au col des Otanes sans me douter une seule seconde de ce qui m’attend.
Et là, c’est le choc.
Rien que d’y repenser et de te le raconter, mon ventre se noue et mes yeux s’embuent.
Je n’ai jamais rien vu d’aussi grandiose. Aletsch, Binn, Moiry, Prafleuri, le Grand Désert… allez tous vous rhabiller !
Je comprends que le Combin de Corbassière n’est là que pour faire diversion. Le vrai spectacle se trouve à sa gauche. Sous un soleil radieux et, finalement, un ciel sans nuage, le Grand Combin et son immense glacier qui rampe sous mes pieds paraissent heureux de leur effet de surprise. Si je n’étais pas aussi rationnelle, je jurerais que ce sont ses gloussements de satisfaction à l’arrivée des randonneurs qui ont générés toutes ces failles et crevasses dans la glace.
La nature fait si bien les choses que nous pouvons même nous installer dans les gradins de cette arène taillée dans la roche pour profiter du panorama à loisir. Franchement c’est le genre d’endroit où il est difficile de se motiver à partir. C’est bien parce que les nuages arrivaient (finalement) et que le vent me refroidissait que je me suis levée, encore sous l’euphorie de cet instant.
Nous dépassons le refuge FXB Panossière juché sur la moraine, (qui doit être vraiment un bon plan pour admirer les lever/ coucher de soleil !) et redescendons une centaine de mètres jusqu’au pied du glacier.
Une passerelle permettait à l’origine de traverser le glacier, mais avec le recul, on traverse désormais surtout la rivière de fonte du glacier. Il n’empêche que la vue est sympa alors nous nous arrêtons ici pour la pause déjeuner, histoire de profiter du glacier une dernière fois.
De là, deux possibilités s’offrent à toi pour rejoindre la cabane Brunet. Soit le sentier officiel tout en descente, soit une variante sur les hauteurs qui passe par le col des Avouillons. Nous pensions passer par le col des Avouillons mais un instant de lucidité nous a suggéré de suivre le sentier normal. Je m’en félicite ! non pas que le deuxième sentier ne vaille pas le coup, je n’en sais rien, mais parce que cela nous aurait encore plus rallongé pour la soirée !
Depuis le sentier la vue porte jusqu’aux montagnes en face de nous, où nous pouvons même déceler le lac de Louvie ! C’est marrant de penser qu’à vol d’oiseau nous sommes juste à côté de ce qui nous a pris plusieurs jours à pied.
En arrivant à la cabane Brunet en milieu d’après-midi, nous constatons que les sommets derrière nous sont désormais complètement dans les nuages. Et même ceux en face nous. Ca n’augure rien de bon tout ça.
Il est près de 15h et d’après le guide il y a encore plusieurs cabanes gratuites sur le chemin. Notre objectif.
Nous arrivons rapidement à l’une d’entres-elles, pas trop mal, mais nous jugeons qu’il est encore trop tôt. Nous poursuivons. La suivante semble déjà occupée. Tant pis, on continue.
Nulle cabane à l’horizon et tous les endroits qui paraissent un peu plat pour poser la tente sont habités. On continue.
Il y aurait bien cet endroit avec un joli lac… mais la ferme est bien trop proche. Raaaa. Nous préférons continuer encore un peu, on va bien trouver.
Cela doit faire déjà près de 9h que nous marchons, nous sommes fatigués, les pieds qui brûlent, mais on tient bon. Au pire, je me dis qu’il y a toujours le refuge au col de Mille.
Je ne me souviens pas de beaucoup de choses sur cette portion, j’étais tellement fatiguée, en mode automatique et j’avais rangé l’appareil photo. Je me souviens juste que j’aurais fait n’importe quoi (ou presque) pour m’arrêter. A ce moment là, le plaisir du début de la journée avait complètement disparu. Je luttais avec mes démons intérieur pour savoir si j’étais prête à atteindre mes limites. Chaque pas était douloureux. Je pleurais en silence derrière le co-randonneur qui n’en menait pas large non plus. Les nuages nous encerclaient, le vent nous giflait le visage. Pourquoi est-ce qu’on s’infligeait ça ? Hein ?
Et puis, finalement, après ce qui m’aura semblé être une éternité, nous arrivons au col de Mille, dans le brouillard, le vent et la pluie. Je pensais trouver notre salut mais le co-randonneur hyper confiant voulait continuer, persuadé de trouver un site de bivouac à proximité.
Et la longue descente aux enfers commença. A ce stade nous avions déjà réalisé près de 25km. Seule, je crois que j’aurais posé ma tente en plein milieu du sentier, tant pis. Mais non, le co-randonneur et ses principes voulait trouver LE spot. Alors marchons.
Moralement, j’avais atteint un point de non retour. Il fallait marcher, alors marchons. Je ne sentais quasiment plus la douleur dans mes cuisses ni sous mes pieds. Je me sentais juste complètement vide. Cette sensation de dormir et de rêver tout en étant éveillée. C’est particulier, vraiment.
Et finalement, alors que je ne l’attendais plus, le miracle se produisit après 30km et plus de 10h de marche. Une petite clairière, bien plate, avec de l’herbe fraiche pour délasser nos petons plus mignons du tout. Juste le temps de monter la tente et de manger un morceau que le soleil se couchait, nous invitant à faire de même. On ne s’est pas fait prier !
Sauf mention contraire, le bivouac est autorisé sur cette étape. Bonne chance pour trouver un spot ! A moins de descendre au village de Mille, je conseille de prévoir une nuitée au refuge de Mille.
Jour 10 : Col des Mille - Lac des Toules
Petite étape au programme du jour, donc nous nous octroyons une grasse mat’.
Nous sommes dans le val d’Entremont, alors je ne peux que te dire que ce repos est « autrement bon ! « (oui, je me devais de la caser quelque part celle-là).
En quelques heures nous rejoignons le charmant village de Bourg Saint Pierre, dernier village Suisse avant l’Italie. Un village très typique avec sa vieille église et ses maisons en bois.
Nous continuons ensuite tranquillement jusqu’au dernier lac-barrage de ce trek : le lac des Toules.
Je ne sais pas si c’est la fatigue liée à la grosse étape de la veille, le fait que l’on approchait de la fin ou juste le fait qu’on soit blasé des paysages, mais clairement cette étape aura été l’une des moins « sympa » de ce trek. Heureusement qu’on s’est bien rattrapé avec la dernière, ça m’aurait vraiment embêté de terminer sur une mauvaise impression.
Sache que tu as la possibilité de « sauter » en partie cette étape en prenant un bus au village jusqu’au col du Grand Saint Bernard. Ce que je recommande à postériori.
Sauf mention contraire, le bivouac est autorisé sur cette étape. Bonne chance pour trouver un spot ! A moins de descendre au village de Liddes, je conseille de prévoir une nuitée au refuge de Mille.
Jour 11 : Lac des Toules - La Fouly
Dernier jour du trek !
Cela fait 21 jours que nous avons pris le départ, dont près de 10 jours sur cette portion du trek entre Zermatt et Chamonix, et nous y sommes. Notre dernier jour.
Généralement je n’aime pas les derniers jours de trek. D’expérience, ils sont ne pas les plus intéressants, servant juste à rallier un village, une gare.
Alors, je t’avoue que je n’attends pas grand chose de cette journée. Le fait de monter au col du Grand Saint Bernard est d’ailleurs plutôt symbolique dans mon esprit.
Cela dit, la journée s’annonce assez longue donc on ne perd pas de temps et nous quittons notre dernier bivouac avant le lever du soleil, non sans une pointe de nostalgie en sachant qu’il faudra attendre plusieurs mois avant de ressortir le matériel de bivouac.
La première partie de l’ascension jusqu’au col du Grand Saint Bernard n’est franchement pas la plus intéressante, juste à côté de la route. Je ne suis pas mécontente en arrivant au col.
Pressés de continuer la deuxième partie de l’ascension jusqu’au Pas des Chevaux, nous ne prenons même pas la peine d’aller voir la vue au niveau du belvédère du col.
C’est comme ça que nous avons raté le grand lac #lesboulets.
Mais bon, comme on ne le savait pas, ce n’est pas ça qui nous a empêché de continuer.
La portion jusqu’au col du Pas des Chevaux se fait assez facilement malgré quelques pierriers, avec une très belle vue à 360° sur le Mont Vélan et le Grand Combin d’un côté et le glacier du Dolent de l’autre.
De là, nous redescendons environ 300m sur une pente assez délicate pour rejoindre la rivière en contrebas. Les bâtons sont nos amis !
Puis, nous remontons tout ce que nous venons de descendre jusqu’au col du Bastillon. Je te rassure, la pente est moins raide à la montée dans ce sens là.
Sûrement parce qu’il s’agit de notre dernière ascension, je prends mon temps comme pour retarder l’inévitable. Aujourd’hui, je suis en forme et la perspective de rentrer chez moi ce soir me désole. Nous avons encore quelques jours de vacances devant nous, alors pourquoi ne pas en profiter pour continuer un peu plus loin ? Question vaine puisque le co-randonneur accuse la fatigue depuis plusieurs jours et surtout, parce que l’UTMB commence le jour même. Aucune envie de me retrouver sur les sentiers avec tous les traileurs et les touristes venus les acclamer. Alors, oui, je le sais, ce soir je serais chez moi. Donc je profite à fond et au ralenti de ces derniers instants et des souvenirs de cette incroyable aventure.
Si la vue au Pas des Chevaux était sympa, le panorama depuis le col du Bastillon est grandiose ! Pour une dernière journée, contrairement à ce que je pensais, je suis très agréablement surprise. J’ai rarement vu autant de lacs depuis un seul endroit !
Un petit selfie pour le souvenir et nous entreprenons la descente sous l’œil attentif des glaciers, qui me paraissent plus près que jamais. La première partie de la descente est vraiment « casse-gueule », nous devons faire attention surtout avec les randonneurs qui réalisent la boucle dans l’autre sens.
Mais, je suis plus rivée sur les lacs qui se dévoilent en contrebas, que sur mes pieds. Ce lac, pour le coup, un vrai sans barrage, est l’un des plus beaux de ce trek ! Il faut dire que la journée est parfaite avec ce grand ciel bleu qui se reflète dans l’eau et ses berges verdoyantes.
J’envierais presque tous ceux qui affluent, pique-nique sous le bras, pour profiter de ce petit havre de paix cet après-midi là. Mais on n’est pas tchô pays !
Et finalement, quand dans la descente on a constaté le nombre de randonneur en train de rejoindre le lac, on s’est dit que c’était peut-être pas un aussi bon plan que ça quand on aime le calme 🙂
La descente jusqu’à la Fouly a été plutôt longue même si le cadre est très sympa, avec vue sur les glaciers.
C’est donc à la Fouly que s’est terminé ce superbe trek entre Zermatt et Chamonix.
Nous avons pris le bus puis le train pour Martigny où nous avons pu récupérer notre voiture.
Sauf mention contraire, le bivouac est autorisé en partie sur cette étape. A défaut, il est possible de dormir à l'hospice du Grand Saint Bernard ou dans les différents logements disponibles au village de La Fouly.
Jours 12 - 14 : La Fouly - Chamonix
Si tu souhaites poursuivre le trek jusqu’à Chamonix, à partir de La Fouly c’est très simple.
Au lieu de suivre le balisage du Chemin des Cols Alpins (qui te mènera à Saint Gingolph) il te suffit de suivre le balisage du Tour du Mont Blanc jusqu’à Chamonix.
Compte 3 journées supplémentaires pour rejoindre Chamonix depuis la Fouly.
Informations Pratiques et Conseils
La difficulté
Le trek entre Zermatt et Chamonix est une randonnée sportive et exigeante sur un sentier globalement roulant, à quelques exceptions près.
La principale difficulté est de tenir à un rythme relativement soutenu pendant plus d’une semaine et d’enchaîner plusieurs grosses étapes sur plusieurs jours.
L’avantage de cet itinéraire entre Zermatt et Chamonix, c’est qu’il existe tellement de sentiers que tu peux te créer tes variantes pour aller voir des sites non prévu sur l’itinéraire initial, et/ou y inclure des sommets.
Enfin, beaucoup de personnes réalisent ce trek dans le sens Chamonix-Zermatt. Mais pour ma part je n’ai vu aucun inconvénient à le faire dans ce sens là, plutôt des avantages. En effet, en marchant de l’est vers l’ouest, nous n’avions pas le soleil dans la figure le matin et nous profitons des sommets illuminés par le soleil en face de nous.
Enfin, j’ai trouvé que la beauté des paysages montait de façon crescendo dans ce sens, avec la plus belle portion entre Arolla et le col des Mille.
Matériel et Logistique
Je t’invite à regarder la liste de mon matériel dans mon article sur mon matériel de Trek pour te faire une idée de ce que j’ai l’habitude d’emporter avec moi.
Courant août, nous avons eu toutes les saisons : de la pluie, de la brume, de très belles journées bien chaudes mais aussi quelques nuits bien fraîches. Il est donc important de prévoir en conséquence pour parer à toutes les éventualités.
Nourriture
L’avantage de ce trek c’est qu’il traverse de nombreuses vallées du Valais. Ce qui veut aussi dire ravitaillement en supérettes.
Pour ces 11 jours de trek nous avions prévu pour environ 4j de lyophilisés, notamment pour les étapes 5 à 8 sans possibilité de ravitaillement. Nous avons profité de nos passages dans les villages pour nous ravitailler un peu à chaque fois, notamment en produits secs (noix, barres de céréales, féculents) et en produits frais (fruits, yaourts, fromage, charcuterie pour l’homme…) que nous mangions généralement sur place ou le soir. Le côté pratique c’est que cela nous aura évité de porter trop de nourriture dans notre sac (et donc être plus légers), l’inconvénient c’est que déjà en Suisse la nourriture est plus chère, alors dans les petites supérettes de montagne je te laisse imaginer…
Ayant déjà une semaine de randonnée dans les pattes avant de réaliser cette portion entre Zermatt et Chamonix, nous avions aussi envoyé un colis en poste restante au milieu du trek à Zinal afin de reconstituer nos vivres (lyophilisé) pour les 10 derniers jours. La bonne surprise, c’est que la poste restante en Suisse c’est vraiment pas chère comparé à la France (si tu envois ton colis depuis une poste Suisse).
Hébergement et bivouac
Nous avons alterné entre bivouac, campings et hébergements en dur.
Nous n’avons pas dormi une seule nuit dans un refuge, non pas que cela ne nous aurait pas intéressés, mais parce qu’il fallait réserver et qu’à chaque fois que nous avons appelé (le matin pour le soir), ils étaient complets.
Nous pensions dormir plus en bivouac, mais nous nous sommes confrontés rapidement à la réglementation Suisse et les nombreuses zones interdites au bivouac (pas toujours indiquées sur les sites internet des parcs et des réserves naturelles).
De plus, nous avons aussi rapidement constaté que le terrain tout le long du trek ne permettait vraiment pas de poser sa tente. En effet, entre le sentier très étroit à flanc de montagne, le sentier en sous-bois, le sentier très pentu, les zones de pierriers… il faut vraiment chercher et être motivé pour trouver un endroit où bivouaquer. Encore plus avec un point d’eau à proximité. Cela nous a valu de marcher plus de 10h certains jours.
Tu trouveras les informations sur le bivouac en Suisse sur le site du Club Alpin Suisse.
En résumé, sur cette portion du trek entre Zermatt et Chamonix nous avons dormi 7 nuits en bivouac (dont 2 nuits en cabane gratuite), 2 nuits en camping et 3 en « dur ».
C’est aussi cette alternance qui nous aura permis de garder le moral en sachant qu’une douche chaude et un bon lit nous attendait, de bien nous reposer et de terminer le trek en bonne condition physique.
Même si nous n’avons jamais eu de problème à trouver un camping ou un hébergement dispo au mois d’août, il faut bien avoir conscience que les tarifs sont élevés en Suisse, surtout à la dernière minute.
Transport
Cet itinéraire ne décrivant pas une boucle, la question du transport pour rejoindre le départ / l’arrivée s’est posée.
Grâce au merveilleux réseau de transports publics en Suisse, trains et bus, nous avons vite trouvé une solution !
Nous avons payé un stationnement d’un mois sur un parking public à Martigny pour y laisser notre voiture, puis nous avons pris le train pour rejoindre le départ.
Nous avons aussi pris la télécabine au départ de Saint Niklaus pour nous épargner une ascension, dans une journée déjà très chargée.
Nous n’avons pas pris le bus, mais comme mentionné auparavant, à refaire je sauterais quelques portions. Notamment celle entre les Haudères et Arolla, ainsi que celle entre Bourg Saint Pierre et le col du Grand Saint Bernard.
A la fin du trek, nous avons pris bus+train pour rallier La Fouly à Martigny.
Budget
On pourrait se dire naïvement que faire un trek c’est la solution la plus économique pour voyager.
Mon expérience te dira que c’est faux.
Déjà parce qu’il faut s’équiper (sac à dos, tente, matelas, duvet…) et que si tu veux de la qualité ça coûte cher, et qu’il faut l’utiliser souvent pour le rentabiliser.
Et puis parce qu’entre le trajet, la nourriture et les hébergements… on se retrouve vite à dépenser plus que ce qu’on pensait. D’autant plus en Suisse.
- transport : 190chf
- hébergement: 275chf
- nourriture: 550chf
En résumé pour 11 jours de trek en Suisse (sans prendre en compte les frais d’équipement réalisé en amont) nous avons dépensé 1000CHF pour 2. Soit environ 500€ par personne.
Forcément, nous aurions pu réduire en ne prenant aucun téléphérique, ni hébergement en dur, et en faisant l’impasse sur les 2 restos. Mais ça reste aussi des vacances et les vacances c’est fait pour se faire plaisir 🙂
La meilleure saison
La meilleure saison pour réaliser ce trek s’étend de mi-juillet à mi-septembre, quand les sentiers et les cols sont tous accessibles sans neige.
Attention particulière aux cols de Prafleuri et de Louvie avec des névés tardifs où, selon les années, des crampons peuvent être nécessaires pour passer.
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