Vents & Voyages

Pourquoi et comment commencer la randonnée ?

Aujourd’hui je te propose un article un peu diffĂ©rent de ce que j’Ă©cris d’habitude. Pas de conseils ni de rĂ©cit de voyage. Cette fois, sous forme de tĂ©moignage, je vais t’expliquer pourquoi j’ai dĂ©cidĂ© de commencer la randonnĂ©e, et surtout, pourquoi et comment j’ai continuĂ© (oui, parce que j’aurais eu mille raisons d’arrĂªter đŸ˜€ ! ).

L’histoire pourrait Ăªtre très simple.

J’aurais pu naitre dans une rĂ©gion de montagne, avec une paire de bĂ¢tons et un sac Ă  dos pour mon premier anniversaire. Dans ce monde, la randonnĂ©e aurait fait partie de mon ADN au mĂªme titre que les marmottes et les bouquetins et je ne tiendrais pas un blog pour te raconter ma vie.

Mais non, c’est un poil plus compliquĂ©.

DĂ©jĂ , je suis nĂ©e en VendĂ©e. Autant te dire que les montagnes par ici, il faut les chercher. Les week-ends d’Ă©tĂ© j’Ă©tais plus du genre Ă  m’Ă©brouer gaiement dans les vagues fougueuses de l’ocĂ©an atlantique que de suer pour le plaisir sur des chemins de campagne. J’ai bien quelques souvenirs de rares vacances dans les PyrĂ©nĂ©es ou les Alpes, mais toutes les tentatives de randonnĂ©es initiĂ©es par mes parents se sont soldĂ©es par des Ă©checs cuisants. Et force d’avouer que cela ne m’a pas vraiment aidĂ©e Ă  me donner le goĂ»t de la randonnĂ©e plus jeune.

J’ai pourtant toujours aimĂ© le sport. Mais marcher pour transpirer, quelle drĂ´le d’idĂ©e! Non, vraiment, je ne voyais pas l’intĂ©rĂªt. Bref, je vouais un dĂ©samour profond pour toute activitĂ© lente, nĂ©cessitant l’usage de mes jambes. Peut-Ăªtre le fait qu’Ă  la campagne tous les dĂ©placements se font en voiture y est pour quelque chose… Je te laisse creuser le sujet si le cÅ“ur t’en dit.

Après mes Ă©tudes j’ai finalement dĂ©mĂ©nagĂ© dans le massif du Jura. Autant cela me rĂ©jouissait de profiter de la neige et du ski l’hiver, autant randonner l’Ă©tĂ© Ă©tait inconcevable. Avec toujours la mĂªme rĂ©ponse Ă  quiconque essayait de me faire changer d’avis : mais pourquoiiiiiiii ? Pourquoi irais-je me faire ch*** pendant plusieurs heures sur un chemin quand je peux Ăªtre tranquillement dans mon canapĂ© Ă  regarder la dernière sĂ©rie Ă  la mode ? Et si j’ai besoin de faire du sport, je vais nager 1h Ă  la piscine et c’est bon, pas besoin de perdre plusieurs heures pour ça.

Tu vois le genre.

femme sur sentier de randonnée vers Lelex

Commencer la randonnée : la photographie

Tu remarques que jusque lĂ , l’idĂ©e de profiter des paysages Ă©tait totalement inexistante dans mon cerveau. Normal, je n’avais pas encore mis le nez (ou plutĂ´t l’oeil) dans la photographie. Et je n’avais pas encore commencĂ© Ă  voyager.

Parce que oui, tout vient de lĂ . C’est ma volontĂ© de ramener de belles photos de mes voyages qui m’a motivĂ©e Ă  commencer la randonnĂ©e, principalement lors de mes sĂ©jours Ă  l’Ă©tranger dans un premier temps. J’avais 25 ans tout de mĂªme.

Pendant plusieurs annĂ©es, je me suis ainsi limitĂ©e Ă  des randonnĂ©es de quelques heures et d’un dĂ©nivelĂ© raisonnable, dĂ©passant rarement les 500m, comme lors de mes voyages aux USA ou en Sardaigne pour ne citer qu’eux. Le seul intĂ©rĂªt de ces premières randos se rĂ©sumait vraiment au fait de pouvoir prendre des photos.

Je t’avoue qu’Ă  cette Ă©poque, si j’avais pu accĂ©der Ă  ces points de vue d’une autre façon, je n’aurais probablement pas dit non. (#teamfeignassequiassume)

sardaigne vallée de la lune
parcs ouest américains zion

Continuer la randonnĂ©e : l’effort sportif

Mais malgrĂ© tout, sans m’en rendre compte, peut-Ăªtre parce que la difficultĂ© des premiers temps s’amenuisait en mĂªme temps que je gagnais en endurance, je commençais Ă  apprĂ©cier de plus en plus la randonnĂ©e pour son cĂ´tĂ© sportif. Je trouvait cela extrĂªmement gratifiant d’accĂ©der Ă  un magnifique point de vue après un effort. Fonctionnant sur le mĂªme principe psychologique que la rĂ©compense, c’est le genre de motivation qui donne envie de recommencer.

Et puis, rĂ©ussir Ă  grimper plus haut, Ă  faire plus de kilomètres… ça devient addictif. Je me prenais alors Ă  rĂªver Ă  des voyages d’aventure, plus sportifs qui feraient la part belle Ă  la rando, notamment dans des zones montagneuses. Mais il faut dire qu’avec mon co-randonneur breton, on n’y connaissait rien Ă  la montagne. Et je ne me voyais pas partir pour une rando de plusieurs heures avec un dĂ©nivelĂ© plus important, sans connaitre mes limites et sans savoir si j’Ă©tais capable de marcher autant. On lit beaucoup d’histoires de randonneurs qui se surestiment et je ne voulais absolument pas faire partie de ces gens qui se retrouvent bloquĂ©s quelque part, sans rĂ©seau et Ă  l’Ă©tranger… C’Ă©tait ma pire crainte Ă  l’Ă©poque !

Alors, pour nous rassurer mais aussi pour apprendre certains principes de base et dĂ©couvrir le bivouac, nous avons dĂ©cidĂ© de rĂ©aliser notre premier voyage sportif avec une agence. Direction le sud de l’Islande pour 15 jours de trek en itinĂ©rance !

islande landmannalaugar

Ce voyage fĂ»t une première rĂ©vĂ©lation ! A 27 ans je dĂ©couvrais que je n’avais pas Ă  rougir de ma condition physique et que j’Ă©tais capable de randonner bien plus longtemps que je ne l’aurais imaginĂ©. Sans parler du bivouac et de l’aspect minimaliste de ce genre de voyage qui alliait mes envies d’aventure et de simplicitĂ©.

Forts de cette première expĂ©rience, nous avons dĂ©cidĂ© de retenter le coup avec un voyage d’un autre style, cette fois au Spitzberg. Un sĂ©jour de 6 jours en autonomie et en itinĂ©rance oĂ¹ nous allions alterner le kayak et la randonnĂ©e. Ce deuxième voyage de ce genre n’a fait que renforcer ma première impression et la conviction que touchais mon idĂ©al de voyage du bout des doigts.

femme au spitzberg
spitzberg norvège

Le hasard de la vie faisant bien les choses, quelques mois plus tard nous partions pour un voyage de 3 mois en Océanie. Pendant 3 mois nos journées se résumaient à: randonner dans les parcs, dormir en bivouac, faire les courses et rouler.

Alors qu’en Australie, mĂªme les randonnĂ©es les plus exigeantes nous paraissaient trop simples, les reliefs de Nouvelle-ZĂ©lande nous ont permis de dĂ©passer nos limites. Ce qui me semblait insurmontable 6 mois plus tĂ´t Ă©tait presque devenu mon quotidien pendant ce sĂ©jour. Pour la première fois je rĂ©alisais une randonnĂ©e avec plus de 1600m de dĂ©nivelĂ© !

Cette fameuse randonnĂ©e menant au Mont Taranaki a Ă©tĂ© en quelque sorte un dĂ©clic. Si j’Ă©tais capable de ça, jusqu’oĂ¹ Ă©tais-je en mesure d’aller ? A partir de lĂ , je n’avais plus qu’un seul objectif en tĂªte: me confronter Ă  mes limites.

femme en haut du Taranaki
Matériel de randonnée
Si tu souhaites t’Ă©quiper en vĂªtements de qualitĂ©, je te conseille les sites suivants, tous prĂ´nant de fortes valeurs Ă©cologiques:

Commencer le trek : le goût du challenge

C’est comme ça que, Ă  l’aube de mes 30 ans, je ne rĂªvais ni joli bĂ©bĂ©, ni jolie voiture, mais je rĂªvais de rĂ©aliser un challenge sportif. Le genre de truc improbable que tu ne fais qu’une fois dans ta vie et dont tu sais que tu en seras fier pour le restant de tes jours. Ce dĂ©fi, je le savais, il sommeillait au fond de moi depuis un moment. La randonnĂ©e c’est sympa, mais cette fois je voulais savoir ce que j’avais dans le ventre sur du long terme, en autonomie. Un trek, c’Ă©tait parfait pour ça. Et pour le premier je voulais miser sur quelque chose de fort, de symbolique et d’exigeant. Le GR20, la cĂ©lèbre traversĂ©e de Corse Ă  pied, rĂ©putĂ©e pour sa difficultĂ©.

Je ne vais pas rentrer dans les dĂ©tails de ce trek ni de sa prĂ©paration, j’ai dĂ©jĂ  Ă©cris assez d’articles sur le sujet. Je te dirais juste qu’après notre voyage en Islande, ce trek a Ă©tĂ© ma deuxième rĂ©vĂ©lation. J’Ă©tais au summum de la kiffitude, sommet bien connu des trekkeurs dopĂ©s Ă  l’adrĂ©naline !

Ce GR20 a clairement marquĂ© le dĂ©but d’une nouvelle ère dans ma façon de considĂ©rer le voyage. Moi qui ne jurais que par les voyages en road-trip et la libertĂ© que cela m’apportait, j’ai dĂ» revoir ma copie. En effet, alors que je n’aurais jamais crĂ» dire ça quelques annĂ©es plus tĂ´t, j’ai rĂ©alisĂ© que le trek m’apportais tout autant, voire plus que le road-trip.

GR20 matériel randonnée
gr20 corse Ă©tapes

Continuer le trek : le goût de la liberté

C’est comme ça que, depuis 4 ans, j’alterne les voyages Ă  l’Ă©tranger et les treks au long court principalement en France et en Suisse. MĂªme si quelque chose me dit que le prochain sera peut-Ăªtre un peu plus loin…

Avec le trek et le bivouac j’ai trouvĂ© ce que je sentais poindre il y a quelques annĂ©es. Cette sensation de libertĂ© ultime, bien plus intense et bien plus profonde que celle Ă©prouvĂ©e lors d’un road-trip.

En trek je ne me sens pas juste libre. Je me sens avant tout vivante. ConnectĂ©e Ă  la nature et dĂ©connectĂ© des internets, je suis entière et complète. Moi, minuscule petit maillon de l’infiniment grand, sur les sentiers je ne suis plus une humaine qui marche Ă  cĂ´tĂ© de la nature. Je suis une humaine qui fait parti intĂ©grante de cette nature. En trek ma sensibilitĂ© est dĂ©cuplĂ©e, ma vulnĂ©rabilitĂ© aussi. Et pourtant, paradoxalement je suis habitĂ©e par une Ă©nergie dĂ©bordante, impossible Ă  retrouver le reste de l’annĂ©e bien au chaud derrière mon PC.

Tout ceux qui font du sport rĂ©gulièrement le savent et ce n’est plus Ă  dĂ©montrer, l’activitĂ© sportive fait des miracles sur notre mental. C’est d’autant plus vrai avec le trek. L’un des avantages majeurs de ce sport, c’est qu’au bout d’un moment, quand on marche suffisamment longtemps pour avoir Ă©puisĂ© son stock de pensĂ©es Ă  ruminer, on ne pense Ă  RIEN. Adieu charge mentale !

comment commencer la randonnée

Oui, je ne vais pas te mentir, quand on dĂ©bute, la prĂ©paration en amont est stressante. Tout autant que les premiers jours de marche oĂ¹ l’on doit s’habituer Ă  considĂ©rer la nature qui nous entoure comme une amie plus qu’une ennemie (mĂªme le renard qui rode autour de la tente la nuit, oui, oui). Mais les habitudes arrivent vite. On devient rapidement expert des vĂªtements Ă  prendre, du matĂ©riel Ă  prĂ©voir, des règles de sĂ©curitĂ© Ă  suivre.

Et à partir de ce moment là, tout devient si simple et si facile ! On ne se pose plus de question, on prépare le sac, on laisse nos problèmes à la maison, et on profite !

Je comprends que cela rebute certaines personnes, mais quel plaisir de ne pas se soucier de faire Ă  manger, de se laver, de choisir ses vĂªtements le matin… Je mange mes lyophilisĂ©s choisis Ă  l’avance, je me lave Ă  l’eau claire et je reprends mes vĂªtements d’un jour sur l’autre.

Alors oui, c’est pas glamour. Je transpire, je pue et mes cheveux ne sont pas propres. Mais le trek c’est aussi une grande leçon de vie. C’est apprendre Ă  se dĂ©tacher du regard de l’autre, la vraie libertĂ© ! Et quand je marche, Ă  vrai dire, je m’en fiche complètement de ce que les autres pensent.

Au contraire, j’aime l’image que je renvoie dans ces moments lĂ . A savoir une femme sportive, un peu baroudeuse, qui ose sortir de sa zone de confort, libre dans son corps et dans sa tĂªte, Ă  l’aise dans ses baskets et tout simplement heureuse. (peut-Ăªtre que tu ne me vois pas comme ça, mais laisse moi penser ce que je veux de moi đŸ™‚ )

Crois-moi, le trek, c’est un sacrĂ© booster de confiance en soi !

On se retrouve souvent dans des situations qu’on aurait imaginĂ©es insurmontables en temps normal. Mais lĂ , quand tu n’as pas le choix, tu prends ton courage Ă  deux main et tu fais ce qu’il faut pour affronter tes peurs. Typiquement, comme bon nombre de filles (on ne va pas se cacher), j’avais « peur » des petites bĂ©bĂªtes. J’peux te dire que maintenant, c’est pas de dormir avec une araignĂ©e qui va me dĂ©ranger (bon, pas avec une mygale non plus, mais tu comprends l’idĂ©e).

DĂ©sormais, je n’imagine plus un seul voyage sans randonnĂ©e ou trek. Et j’espère que mes jambes me porteront aussi longtemps que possible sur les sentiers du monde !

commencer la randonnée
tour du thabor

En conclusion, quelques soient les raisons pour lesquelles tu as lu cet article, j’espère qu’il t’aura apportĂ© des rĂ©ponses. Et plus que tout, j’espère que tu auras compris qu’il n’y a pas d’Ă¢ge pour commencer la randonnĂ©e. Plus qu’une activitĂ© sportive, c’est selon moi la meilleure des thĂ©rapies pour faire le point sur sa vie. La preuve par une fille qui n’aimait vraiment pas marcher et qui regrette de ne pas avoir commencĂ© plus tĂ´t đŸ™‚

Bref, un jour j’ai dĂ©cidĂ© de commencer la randonnĂ©e, et depuis je ne me suis plus arrĂªtĂ©e !

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pinterest commencer la randonnée
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