Cet article n’a pas pour but de te faire un compte–rendu détaillé de chacune des étapes du GR20, sachant que toutes ces infos sont très bien expliquées dans les guides. Non, à la place cet article sera surtout photographique avec mes impressions et conseils sur les étapes ainsi que des infos pratiques sur les refuges auprès desquels nous avons bivouaqué.
Si les détails ne t’intéressent pas, alors voici le menu pour accéder rapidement à la section pour laquelle tu souhaites avoir plus d’infos.
Etape 1: Calenzana – Ortu Di i Pobbiu
Etape 2: Ortu Di i Pobbiu – Carrozzu
Etape 3: Carrozzu – Asco
Etape 4+5: Asco – Tighjettu – Ciuttulu di I Mori
Etape 6: Ciuttulu di I Mori – Manganu
Etape 7+8: Manganu – Petra Piana – Onda
Etape 9+10: Onda – Vizzavona – Capannelle
Etape 11: Capannelle – Prati
Etape 12+13: Prati – Usciolu – Crocce
Etape 14+15: Crocce – Asinau – Paliri
Etape 16: Paliri – Conca
Bilan et informations pratiques
Le GR®20 en résumé
Départ / Arrivée:
Calenzana / Conca
Durée:
11 jours
Difficulté:
Difficile (4/5)
Meilleure Saison:
Eté
Bivouac:
Interdit
Itinéraire et trace GPX sur AllTrails
Jours | Etapes | Distance (km) | Durée Estimée | Durée Réelle | Dénivelé + | Dénivelé - | Difficulté |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 1 : Calenzana – Ortu di u Pobbiu | 11 | 6h30 | 5h | 1480 | 180 | ++ |
2 | 2 : Ortu di u Pobbiu – Carrozzu | 7.5 | 7h | 5h30 | 650 | 920 | +++ |
3 | 3 : Carrozzu – Asco | 8 | 6h10 | 4h30 | 800 | 640 | +++ |
4 | 4+5 : Asco – Tighjettu – Ciuttulu di I Mori | 14.5 | 12h | 9h | 1820 | 1130 | +++ |
5 | 6 : Ciuttulu di I Mori – Manganu | 23 | 8h | 8h | 650 | 1050 | ++ |
6 | 7+8 : Manganu – Petra Piana – Onda (variante alpine) | 18 | 10h | 7h30 | 1700 | 1200 | +++ |
7 | 9+10 : Onda – Vizzavona – Capanelle | 24 | 11h15 | 9h30 | 1750 | 820 | +++ |
8 | 11 : Capanelle – Prati | 18 | 5h45 | 5h30 | 970 | 750 | ++ |
9 | 12+13 : Prati – Usciolu – Crocce | 24 | 12h | 9h | 930 | 1200 | ++ |
10 | 14+15 : Crocce – Asinau – Paliri (par Bavella) | 19 | 7h30 | 8h | 1110 | 1610 | +++ |
11 | 16 : Paliri – Conca | 13 | 4h | 4h | 320 | 1120 | ++ |
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Jour -1: Arrivée en Corse
Dans le vol qui nous amène à Calvi, je suis toute excitée. Cela fait 4 mois que je m’y prépare, je n’en peux plus d’attendre, demain c’est le grand jour ! Après avoir survolée la Provence et Nice, au loin, au milieu de l’océan se dessinent les sommets Corses.
Les criques se dévoilent, l’eau s’éclaircie et mon petit cœur est en émoi. Enfin, GR®20, nous voilà !
Nous choisissons de rejoindre le camping communal de Calenzana en taxi pour la modeste (ahemmmm) somme de 32€.
Il n’y a pas foule au camping, je me dis que c’est plutôt chouette. Nous avons l’embarras du choix pour l’emplacement de notre tente. Parfait. Cet après-midi là, la France joue contre l’Argentine en coupe du monde. Je motive le co-équipier pour se traîner dans un bar et profiter de nos derniers instants avant de quitter la civilisation pour 12 jours. Mais il est 15h30, il fait chaud. Très chaud. Et la route qui mène au centre-ville est plutôt abrupte. L’air frais de la supérette nous happe et devant le choix de produits nous renonçons au bar pour quelques Pietra bien fraîches et du bon fromage Corse en guide d’apéro.
De retour au camping, stupéfaction ! On a été envahis ! Des tentes ont poussées comme des champignons autour de la notre… je sens que la tranquillité ce ne sera pas pour ce soir. En effet, il faudra attendre presque 22h pour que les derniers campeurs arrivent et s’installent, non sans bruit, et que je puisse m’endormir tranquillement jusqu’à 6h, heure de réveil pour notre première journée.
- Recharge appareil électrique possible. Plusieurs prises disponibles et gratuites dans la salle commune et les sanitaires
- Vaisselle disponible
- Ouverture à partir de 15h30
- Camping et dortoir, pas de location de tente
Jour 1 (étape 1): Calenzana – Ortu Di i Pobbiu en 5h
OU PAS !
C’était sans compter sur tous nos voisins de camps qui ont commencé à plier bagage vers … 4h !
Alors, autant pour tous ceux qui souhaitaient doubler l’étape je comprends totalement. Mais qu’on ne me fasse pas croire que c’était le plan de tous les campeurs présents. J’ai franchement halluciné en fait. Je ne savais pas quoi penser… sachant que la durée estimée de l’étape est de 6h30, cela signifiait qu’en partant vers 5h les gens arriveraient vers 12h au refuge. Quel intérêt d’arriver aussi tôt ?
Pour éviter la chaleur ? Parce que les gens sont lents à se préparer ? Ou lents à marcher ? A moins tout simplement que les durées estimées sous-estiment le temps réel ? Mmmm…
A 5h30 nous étions finalement complètement réveillés donc à quoi bon attendre. Une de nos hypothèses s’est rapidement vérifiée quand à 6h12 précisément nous quittions le camping, alors que certains lèves-tôt en étaient encore à leur petit-déjeuner…
Il n’aura fallu attendre que quelques centaines de mètres après la sortie du village pour confirmer une deuxième hypothèse lorsque nous avons dépassé un groupe déjà tout essoufflé. Loin de moi l’idée de me moquer, je constate juste la réalité de personnes parfois peu ou mal préparées.
Le chemin monte ensuite tranquillement à travers les hautes herbes pour rejoindre la forêt de pin.
Le soleil se lève juste dans notre dos, embrassant de sa lueur dorée les sommets devant nous.
Nous prenons rapidement de la hauteur et lorsque la vue se dégage de nouveau, nous arrivons au premier belvédère avec un sublime panorama sur la baie de Calvi. Les vraies difficultés apparaissent ensuite, avec un petit passage technique au milieu des rochers. Rien de compliqué, la chaîne est surtout utile pour ceux qui arrivent du sud. Le poids du sac commence à bien se faire sentir sur les épaules. Je n’ai qu’une hâte, terminer cette montée abrupte qui n’en finit pas ! Passé le replat, je jette un dernier coup d’œil vers la mer derrière moi avant de poursuivre vers les hauts sommets qui me font désormais face.
Alors que je me rafraîchis quelques secondes en contemplant ce panorama. Un objet attire mon œil dans le lointain. Ne serait-ce pas…? Mais si ! Le refuge se devine, seul, au milieu d’un promontoire rocheux. Il semble si près et pourtant il nous reste encore plusieurs kilomètres avant de le rejoindre.
Heureusement, c’est la partie la plus simple de la journée, un faux plat. Il est 10h30, j’accélère le pas car la faim commence sérieusement à se faire sentir ! Notre repas de la veille composé de pain-fromage n’était pas assez copieux et malgré mon petit déjeuner, mon corps n’est pas encore habitué à l’effort. J’ai l’habitude, la première journée est toujours la plus difficile, c’est le coup de remettre la machine en marche comme on dit.
Nous arrivons finalement vers 11h15 au refuge où nous n’aurons pas la chance de célébrer notre première étape à la bière car le refuge n’a pas été ravitaillé dernièrement. Tant pis. Une motivation de plus pour arriver de bonne heure le lendemain !
L’avantage d’arriver tôt aux refuges c’est de pouvoir profiter des douches sans faire la queue, et de choisir son emplacement de tente… à l’ombre, loin du monde pour ne pas être réveillés aux aurores comme la nuit passée.
Je profite du calme ambiant avant l’arrivée massive des randonneurs pour faire une petite sieste. Rien de mieux pour récupérer ! Sauf quand les vaches viennent faire du rodéo autour des tentes… J’peux te dire que quand tu ne t’y attends pas, que tu vois des buissons bouger juste devant toi et des cornes s’en extraire, ben tu rigoles pas !
- Superbe vue
- Plusieurs douches (froides) et des toilettes sèches
- Nombreux emplacements bien terrassés et délimités mais peu de places à l’ombre. Certains emplacements sont éloignés du refuge, avec une bonne pente pour y accéder. D’où l’intérêt d’arriver de bonne heure…
- Présence de vaches sauvages
- Pas possible de recharger ses appareils
Jour 2 (étape 2): Ortu Di i Pobbiu - Carrozzu en 5h30
Réveillée par la fraîcheur matinale vers 5h30, le temps de plier le camp à la frontale, il est environ 6h quand nous partons.
Après plusieurs minutes de marche, le scénario de la veille se répète quand nous doublons les mêmes groupes que la veille. Le « troupeau » derrière nous, nous profitons enfin du calme et de la beauté des lieux. Comparés à la veille, les paysages sont totalement différents. La végétation fait place aux roches minérales. Le sentier bien tracé n’est désormais plus. A nous la chasse aux balises !
J’avoue que ce petit côté « recherche de balises » est sympathique car il permet de faire diversion. On pense moins à sa fatigue qu’à la prochaine marque à trouver. Enfin, tout est relatif, hein. Même si le dénivelé est moins important que la veille, cette étape est bien plus fatigante, car bien plus technique. Mais grâce à la diversion balise, en moins de temps que nous imaginions, nous voilà arrivé à Bocca di Pisciaghja.
Le panorama est magnifique!
Je n’en reviens pas de la couleur de la roche, mélange de teintes roses-orangées. Une pause pom’pote le temps de se reposer et de sécher, et nous voilà déjà repartis. Le topo guide nous avait prévenu, la descente est ardue. Plus de 1000m de dénivelé négatif dans les pierriers. Je n’ai pas vraiment le temps d’apprécier le paysage, mes yeux sont rivés au sol.
Chaque pas est important, trouver les bons cailloux où poser ses pieds, apprendre à repérer les plus stables. Les chaussures glisses, les genoux flagellent, les jurons s’échappent…
A mi-parcours, mes yeux devinent tout de même le refuge au milieu des arbres. Ça motive de le savoir en vue, et en même temps se dire qu’il reste encore TOUT ÇA de pierres à descendre. Pfiou. Bon, ben, pas le choix maintenant qu’on est là.
Le cliquetis de la rivière est salvateur. Annonciateur du refuge à quelques mètres. Cette fois-ci, la Pietra ne nous échappera pas ! Pour la deuxième journée consécutive, nous arrivons avec une bonne longueur d’avance par rapport aux durées indiquées sur notre guide. Cela me rassure quant à la réussite de notre projet, initialement prévu en 12 jours.
Après la bière de rigueur, nous cherchons un emplacement… chose compliquée ici. Les emplacements sont bien délimités mais très collés les uns aux autres. Certes, nous avons de l’ombre. Mais dans la forêt qui parait bien humide. Mouais, bof. Tant pis, c’est que pour une nuit.
Je profite que nous soyons quasi seuls pour me baigner dans les piscines naturelles de la rivière (et faire ma lessive !). Au dessus de moi, la brume descend sur les sommets. Rapidement. Trop rapidement. En moins de 5 minutes je n’y vois plus à 2 mètres et qu’est ce qu’il caille ! Bon, ben, fin de la baignade.
Quand on dit qu’en montagne le temps peut rapidement changer, je confirme ! Je pense à tous les randonneurs dans les pierriers… J’espère juste que le lendemain le soleil sera de retour, c’est un peu ma hantise de devoir randonner sous la pluie. En attendant, tout comme la veille, je profite du calme pour faire une petite sieste et me reposer pour bien récupérer.
- Places de bivouac peu intéressantes, très serrées
- Plusieurs douches (froides) et des toilettes sèches
- Pas possible de recharger ses appareils
- Possibilité de se baigner dans les piscines naturelles de la rivière
Jour 3 (étape 3): Carrozzu - Asco en 4h30
Bonne surprise au réveil, malgré la rosée qui a bien trempé la tente, la brume de la veille s’est dissipée. Le soleil n’est pas encore levé mais la clarté déjà bien présente laisse présager d’une belle journée ensoleillée.
Désormais bien rodés au pliage de la tente et de nos sacs, nous sommes prêts rapidement. Je suis impatiente de partir car d’après le guide, cette journée est l’une des plus belles dans le nord avec notamment la traversée par la passerelle de Spasimata. Je t’avoue que j’ai été quelque peu déçue par la passerelle… je m’attendais à un truc de bien plus grandiose. Il s’agit juste d’un pont de singe, du même style que tu peux trouver dans les accro-branches ou les via-ferrata. Sauf que là, t’es pas attaché.
Mais la Corse a plus d’un tour dans son sac… quelques centaines de mètres plus loin, la magie opère. Le soleil fait une timide apparition derrière les montagnes, illuminant les parois rocheuses devant nous et dévoilant une grande cascade au milieu des blocs.
Il n’y a presque aucun arbre dans ce couloir, un vrai paysage lunaire loin de tout ce que j’aurais pu imaginer découvrir en Corse !
Mais point de longues pauses pour qui veut arriver tôt. L’ascension est longue, avec quelques passages techniques pourvus de chaînes et d’autres passages tout autant sportifs mais sans chaînes… Clairement, si tu as le vertige certaines sections peuvent être compliquées.
Nous atteignons non sans mal le petit plateau du lac de la Muvrella, un coin fort sympathique pour se poser avant d’entamer la dernière grosse montée… s’il n’était pas complètement à l’ombre en début de matinée ! Nous préférons donc nous attaquer rapidement à cette ascension bien raide dans un pierrier plutôt que de nous refroidir près du lac.
Une fois de plus, la récompense est à la hauteur de l’effort fourni lors de cette ascension. Le panorama sur les crêtes est superbe. Les nuages de la veille sont très loin tant le ciel bleu est limpide.
Après quelques minutes (ou heures, je ne sais plus très bien) à longer la crête en plein soleil, nous amorçons la descente vers la station de Haut Asco, toujours en compagnie de nos amies les pierres.
D’ailleurs, ce jour là j’ai eu envie d’élever notre complicité à un échelon supérieur. Les regarder à longueur de journée et les sentir sous mes pieds ne me suffisait plus, il me fallait un vrai contact, fort, puissant, comme une grande embrassade avec ta famille que tu n’as pas vu depuis un bail.
Bref, je suis tombée.
Mais j’ai fait ça bien ! Si j’avais la vidéo, sûre que je passais dans VidéoGag ! (ah, on me dit dans l’oreillette que cette émission n’existe plus …) Les pieds coincés entre deux rochers, avec le poids de mon sac j’ai basculé en avant… tu la vois la tortue sur le dos qui peut pas se relever? ben voilà cherche pas, c’était moi. A défaut d’avoir une blessure de guerre à ramener, ce petit épisode aura au moins eu le mérite de me faire marrer le reste du trajet.
- Il s’agit d’une station accessible en voiture avec toutes les commodités dont une petite supérette (avec du pain!) mieux garnie que dans les refuges, profites-en pour faire le plein !
- Des douches chaudes gratuites
- Plusieurs prises dans la cuisine pour recharger ses appareils gratuitement
- Il y a un bar / glacier !
- Les emplacements de bivouac sont assez nombreux mais mal délimités
- Quelques vaches sauvages se promènent entre les tentes …
Jour 4 (étapes 4 et 5): Haut Asco – Ciuttollu di i Mori en 9h
Le terrain en pente de notre emplacement de bivouac aura eu raison de notre sommeil et c’est encore plus tôt que d’habitude que nous commençons cette étape. Et quelle étape !
Réputée très difficile, c’est celle que tout le monde appréhende en faisant le GR®20. C’est aussi l’étape qui passait par le cirque de la solitude il y a quelques années mais qui est maintenant déviée par la pointe des éboulis suite à un accident tragique. Mais ne te méprend pas, la variante possède certes des passages moins dangereux mais elle est plus difficile sportivement parlant car plus longue avec un dénivelé plus important. Bref, j’attendais cette journée de pied ferme pour savoir enfin ce que j’avais dans le ventre !
A peine avions nous quitté le refuge que le soleil se levait, nous offrant un de ces spectacles dont lui seul à le secret. Le genre à te donner la pêche et la motivation pour le reste de la journée.
Et donc maintenant tu veux sûrement savoir si c’est aussi difficile qu’on le dit ?
Oui, cette étape est difficile car pas du tout, mais alors pas du tout roulante. Je pense que tu passes autant de temps à grimper sur les rochers en t’aidant de tes bras, que dans les pierriers. Au moins ça permet d’alterner et de reposer les membres chacun à leur tour. Et puis l’ascension est très longue. A chaque fois que tu penses en voir la fin, surpriiiiiise ! en fait non, l’ascension continue et traverse même quelques névés de fin de saison. Pour tout dire, j’ai découvert ce jour là qu’il est possible de récupérer et de se reposer tout en continuant à monter…
La vue à la pointe des éboulis n’est pas la plus fantastique, mais c’est la plus symbolique.
La fierté d’être déjà arrivé là. Se dire qu’on l’a fait. La motivation est à son maximum, à ce stade du GR® rien ne peut plus nous arrêter, sauf blessure.
La descente se fait au soleil, toujours dans un énorme pierrier, mais pour le coup, là, la vue est splendide ! Après le lac du Cinto, on descend tout droit direction le refuge de Tighjettu en suivant la rivière. Le changement de décor entre les deux versants est impressionnant.
Il n’est que 11h quand nous arrivons au refuge. Nous avions initialement prévu de continuer un peu plus loin jusqu’aux bergeries de ballone et ainsi prendre un peu d’avance sur tout le groupe qui nous rejoint tous les soirs depuis le début. Mais parce que rien ne se passe jamais comme prévu, et que sur le GR®20 on fait de nombreuses rencontres, on a finalement décidé de pousser jusqu’au refuge de Ciuttollu di i Mori sur les conseils et la motivation d’un autre groupe de randonneurs avec lesquels nous avons bien sympathisé.
La première partie de cette étape se fait à l’ombre, en partie en forêt donc c’est plutôt agréable en début d’après-midi. Par contre ça se corse (hohoho) vraiment à la fin alors que t’en as plein les pattes et qu’une nouvelle ascension dans les rochers et en plein cagnard t’attend ! Malgré nos camelbacks et nos gourdes remplies, on s’est retrouvé à sec au milieu de la montée. Heureusement qu’à cette époque de l’année il y a encore pas mal de sources et de résurgences parce que sinon on aurait trouvé les dernières centaines de mètres bien compliquées.
Ce soir là, l’arrivée au refuge a été une vraie délivrance ! Déjà parce qu’on était fiers (et pas qu’un peu) d’avoir doublé cette étape, parce que le dénivelé positif total de la journée (1900D+) était un nouveau record pour nous, et parce que le refuge était juste ce qu’on espérait trouver en Corse.
Situé à 2000m d’altitude c’est le refuge le plus haut du GR®20, dans un cadre un peu plus « rustique » que les précédents refuges et surtout la vue est juste wahou !
- Petit refuge plus rustique, moins d’emplacement, moins de monde
- Douche froide. Pas de recharge possible
- Superbe vue
Jour 5 (étape 6): Ciuttollu di i Mori – Manganu en 8h
Cette étape n’est pas vraiment compliquée mais elle est très longue, il n’empêche que c’est vraiment l’étape qui m’a le plus émerveillée du début à la fin tellement la diversité de paysages traversés est impressionnante.
Ça faisait déjà 4 jours que je me prenais claque sur claque, mais là j’ai failli perdre mes rétines, c’est pour te dire.
La première partie de l’étape se fait en descente, le long de la rivière où des bassins turquoises invitent à la baignade. Il fait encore frais le matin, ce ne sera pas pour cette fois. Le sentier continue ensuite dans la forêt jusqu’au col de Verghio où une petite supérette bien achalandée, avec de nombreux produits frais et des pains au chocolat (!!!), attend le randonneur affamé ! Et surtout, SURTOUT, tu peux recharger gratuitement tes appareils. Un grand merci au gérant de la supérette pour cette délicate attention (sachant qu’à Manganu la recharge est payante).
Après une bonne pause bien méritée, nous entamons la deuxième partie de l’étape avec pour but le superbe lac de Nino, ses pozzines et ses chevaux sauvages. Le seul hic c’est que cette portion est hyper, hyper, hyper touristique le weekend !
Je ne te cache pas que randonner entourée de gens, qui parlent, rient, et font du bruit, bah c’est pas ce que je suis venue chercher sur le GR®20. C’est un peu ma déception car j’aurais aimé me poser un peu près du lac, mais là impossible, trop de monde. Voilà, tu sais à quoi t’en tenir.
La troisième et dernière partie comporte une longue section plate sur un chemin roulant ! C’est important de préciser, c’est tellement rare sur le GR®20 ! Par contre, il y a forcément un « mais », le sentier n’est pas ombragé et l’après-midi ça cogne fort. Alors soit tu prévois beaucoup d’eau, soit tu en profites pour te baigner dans la rivière en attendant de reprendre la route en fin d’après-midi … Je te conseille néanmoins de ne pas arriver trop tard au refuge de Manganu car les emplacements plats sont plutôt rares …
- Beaucoup de monde. Grand terrain mais pas de place à l’ombre et peu d’emplacements plats.
- Douche chaude 6mn pour 2€
- Recharge possible moyennant 2€
Jour 6 (étape 7 + 8): Manganu - Onda en 7h30
Vu le nombre de randonneurs à dormir au refuge, nous avons préféré mettre notre réveil de bonne heure afin d’être parmi les premiers à quitter le camp. Et tant qu’à faire, autant le mettre assez tôt pour voir le lever du soleil, hein. Genre 4h30 c’est pas trop mal quoi. En plus, voyant notre bon rythme de marche depuis le début, cela nous permettra aussi de doubler l’étape et d’arriver pas trop tard à Onda si tout se passe bien.
D’après notre guide, l’étape jusqu’à Petra Piana fait partie des plus belles sections du GR®20 nord avec la vue imprenable sur les lacs de Capitello et de Melo depuis le col. Mouais. Je ne sais pas si c’est parce que nous sommes partis tôt et qu’avec la frontale on ne pouvait pas trop profiter du décor, mais non, cette étape ne m’a pas plus émerveillée que ça. En fait c’est presque le contraire, je l’ai trouvé assez chiante, dans le sens énervante.
Certes, j’ai pu profiter d’un joli lever de soleil et nous étions seuls au monde à randonner, mais il y avait du vent et de la brume sur les crêtes ce qui a rendu notre progression assez compliquée. Sans parler des 3 ou 4 névés que nous avons dû traverser.
Je pense que cette étape est certainement très jolie, mais probablement plus dans l’après-midi quand les lacs ne sont plus dans l’ombre.
En arrivant au refuge de Petra Piana en milieu de matinée le temps était très incertain. C’était très venteux et on ne savait pas si la brume allait tomber ou rester sur les sommets. Comme nous avions prévu de rejoindre Onda par la variante alpine des crêtes, on ne voulait pas prendre le risque de se retrouver dans le brouillard ou sous une averse. En attendant de prendre une décision, nous en avons profité pour nous ravitailler avec quelques cochonneries bien sucrées mais qui font du bien au moral et un vrai fromage fermier bien odorant à souhait !
Finalement, la brume semblant se dissiper au bout de quelques minutes, nous nous sommes embarqués sur le chemin des crêtes. Grave erreur jeune padawan ! Les crêtes, bien que dégagées de tout brouillard étaient tout de même hyper exposées au vent. Un vent comme rarement j’ai eu l’occasion de braver. Du genre à te faire presque ramper par terre pour avancer. Et puis, si seulement il n’y avait que le vent. On a vite compris notre inconscience quand on s’est retrouvé à franchir des passages techniques. J’peux te dire que là tu rigoles pas quand tu penses qu’une bourrasque peut te déséquilibrer et que dessous toi c’est le vide …
Et puis, sans comprendre ni pourquoi, ni comment, alors que toi tu luttes pour ta vie, un troupeau de chèvres passe juste devant toi. Elles ont mis 2mn là où toi tu a passé 30mn … injustice.
Bref, j’te la fait courte, mais la variante alpine quand il y a du vent c’est franchement pas l’idée du siècle. Résultat, on a pris un sentier qui aurait du nous faire gagner du temps mais qui s’est avéré être plus difficile que la voie normale sans gain de temps ce jour là.
Heureusement qu’après de telles journées on a le droit à une bonne bière et une douche chaude !
- Grand terrain plat avec de l’herbe pour le bivouac
- Douche chaude payante, 3mn à 2€
- Recharge possible pour 1€
- Plusieurs choix de bière et lasagnes au menu (les seules du GR®20 à ce qu’il parait)
Jour 7 (étape 9 + 10): Onda - Capannelle en 9h30
Déjà une semaine que nous arpentons le mythique sentier du GR®20 ! Et déjà tellement de beaux souvenirs en tête !
Ce jour-là est une étape importante pour le moral puisque nous rejoignons Vizzavona qui marque la fin de la section nord du GR®20 et qui promet donc, où du moins nous l’espérions, des sentiers plus roulants et moins fatigants au sud. Huhuhu, naïfs que nous étions.
Mais avant d’apprécier les joies du sud, nous devions encore rejoindre Vizzavona. Et là je dois bien t’avouer avec du recul, que l’étape d’Onda à Vizzavona a remporté le trophée de pire étape du GR®20 haut la main. Déjà, depuis Onda tu commences par une bonne montée bien raide jusqu’à la crête de Muratello. De quoi bien te couper les jambes. Mais le pire est à venir. Les 1200 mètres de descente infernale jusqu’à Vizzavona sur des dalles lisses et raides et en plein soleil de surcroît. Pire que les pierriers j’te dis !
On en avait tellement marre de cette descente qui n’en finissait pas qu’on n’a même pas prêté attention à la cascade des anglais qui, parait-il, est fort sympathique (par contre le nombre de touristes, lui, tu peux pas le rater…). Je n’avais qu’une hâte, arriver à Vizzavona !
Notre (im)patience aura finalement été récompensée par l’accueil très chaleureux du gérant de l’épicerie « Chez Rosy » situé dans le centre, juste à côté de la voie ferrée.
Après une bonne pause bien méritée et le ventre plein, nous avons repris la route direction Capannelle dans le sud. Cette étape n’est pas bien compliquée, et nous apprécions de pouvoir marcher sur un sentier sans aucun caillou pour altérer notre progression ! Malgré cela, la matinée nous avait bien éreintés et c’est sur les rotules que nous arrivons au gite en début de soirée. Ici c’est le paradis ! En plus des douches chaudes gratuites, il y a un large choix de boissons et même un restaurant !
- Douche chaude gratuite
- Recharge gratuite
- Plusieurs choix de bières et de pressions
- Restaurant
- Les réchauds gratuits ne se situent pas à côté du gite mais au niveau de l’ancien refuge un peu sur les hauteurs à droite en arrivant au gite. Si tu souhaites les utiliser je te conseille donc de planter ta tente au niveau des premiers emplacements de bivouac et non ceux tout en bas, au départ du sentier pour le lendemain.
Jour 8 (étape 11): Capannelle - Prati en 5h30
Initialement, dans mon planning j’avais prévu de passer par la variante du Monte Renoso pour rejoindre le col de Verde puis Prati. Mais la fatigue accumulée les derniers jours m’a forcée à abandonner cette idée. Il faut dire que depuis la veille, une douleur lancinante se fait ressentir dans mon avant bras. Je suspectais très fortement un début de tendinite. Je ne sais toujours pas exactement comment j’ai pu développer cette tendinite, mais je pense juste qu’à force de tomber et glisser dans les pierriers et de me rattraper avec mes bâtons, en compensant surtout du côté droit pour ménager mon genou gauche, ben c’est mon avant bras qui a tout pris pour lui.
Et une chose que je sais d’expérience c’est que quand ton corps t’envoie des signes de fatigues, il faut surtout l’écouter et ne pas forcer. A quelques jours de la fin cela aurait été bien bête de tout gâcher et de devoir abandonner…
Du coup, nous avons juste fait une petite étape ce jour-là, arrivant de bonne heure à Prati pour faire une grosse sieste sous la seule et unique averse du séjour ! Ça ne pouvait pas mieux tomber. Et pour se requinquer on a voulu goûter la tome fermière du refuge. O.M.G ! Je n’avais rien mangé d’aussi bon en 8 jours. Pour la peine on en a repris une deuxième. Oui une tome chacun, faut bien ça quand tu randonnes 🙂
En fin de journée les nuages se sont levés, nous révélant le secret qu’ils cachaient jalousement … la côte de Porto Vecchio ! C’est tellement motivant de se dire qu’on arrive bientôt au but !
Après cette petite journée où nous avions bien rechargé les batteries nous pouvions nous endormir frais et dispo pour affronter les derniers kilomètres.
… Et se faire réveiller par des bêtes sauvages.
Oui, il parait, moi je dormais comme un gros bébé. Mais pendant la nuit, le co-randonneur a été réveillé par un animal qui essayait de rentrer sa tête dans la tente. Probablement un cochonglier ou un renard sauvage appâté par le fromage et les saucissons que nous avions rangés dans la tente (alors qu’on savait bien qu’on risquait des attaques, cherche l’erreur…) Un coup de poing sur la truffe, le groin, le museau ou que sais-je et il était parti. Mais le co-randonneur n’en a pas fermé l’œil de la nuit de peur d’une nouvelle attaque le privant de saucisson le lendemain.
J’en rigole mais il y a eu des dégâts dans les autres tentes avec des camelbak éventrées et des sacs à dos déchirés… Moralité: pendant le GR®20, ne dors pas avec un saucisson sous ton oreiller. (Je te jure, je n’aurais jamais cru que j’écrirais ce genre de conseils sur mon blog 😀 )
- Douche froide, mais eau chauffée naturellement par le soleil si tu as de la chance
- Une tomme fermière à tomber
- Cadre très sympathique avec une superbe vue sur la côte
- Attention aux attaques d’animaux la nuit, pense à mettre ta nourriture en sécurité dans le refuge
Jour 9 (étape 12 + 13): Prati - Crocce en 9h
Malheureusement, après la nuit mouvementée qu’il venait de passer, le co-randonneur ne se sentait pas vraiment en forme ce jour-là. Et ce n’est pas le magnifique lever de soleil qui aura suffit à le rebooster. C’était pas la volonté qui manquait, juste le jus dans les pattes.
Alors que je rêvais de rejoindre Asinau ce soir là, en passant par le Monte Incudine, et ainsi terminer le GR®20 le surlendemain en 10 jours, nous avons dû revoir nos plans. Chacun son tour de subir les conséquences de la fatigue… Comme quoi ça ne sert à rien de trop prévoir à l’avance, on ne sait jamais ce qui peut se passer une fois sur place.
Et puis, nous qui croyions sottement que la section sud serait plus facile que celle du nord, nous nous étions fourrés le doigt bien profond dans l’œil. Nous avons retrouvé les gros cailloux qui ne nous manquaient pas et les crêtes avec quelques parties d’escalade. Le co-randonneur était joie.
Malgré le gros repas et tous les glucides ingérés pendant la matinée, la forme n’était pas revenue en début d’après-midi. Nous avons donc décidé de passer par la nouvelle version du GR®20 et rejoindre la bergerie de Crocce au lieu de se fatiguer encore plus par les crêtes jusqu’à Asinau.
Je ne sais pas si c’était vraiment la meilleure option, puisque nous avons remplacé une version plus technique et plus courte par un sentier « un peu » moins fatiguant mais plus long … mais après notre expérience ratée sur les crêtes vers Onda on ne voulait pas prendre de risque.
Et puis, de cette façon nous avons pu voir de nouveaux paysages en traversant la mignonne vallée de golo ce qui nous changeait des dernières étapes un peu monotones. Nous avons même vu les fameux cochongliers en chair et en os ! Ce n’est donc pas une légende…
Inutile de préciser que nous sommes arrivés à la bergerie complètement cassés. Mais mystérieusement, ça va toujours bien mieux une fois attablée avec une Pietra à la main et les chaussons aux pieds !
- Mention spéciale à l’accueil hyper sympathique que nous avons reçu
- Douche chaude gratuite
- Recharge possible pour 1€50 par appareil
- Pour parer aux attaques de cochongliers, des chiens montent la garde. Prépare-toi aux aboiements pendant la nuit…
Jour 10 (étape 14 + 15): Crocce - Paliri en 8h
Malgré les aboiements des chiens et les rodéos des cochongliers autour des tentes la nuit passée, nous avons dormis comme des bébés assommés de fatigue. La dernière grosse journée nous attend, et surtout ce soir on va pouvoir regarder la demi finale de la coupe du monde, France-Belgique ! Rien que cette pensée me réjouit pour rejoindre la civilisation rapidement.
Au petit matin, le sentier serpente dans la vallée illuminée par les premiers rayons du soleil. Au loin, on aperçoit encore et pour la dernière fois les sommets de la partie nord que j’ai l’impression d’avoir quittés depuis des mois. C’est fou cette déconnexion et la perte totale de notion de temps que je ressens lors des treks.
Après une petite ascension nous arrivons rapidement au Monte Incudine d’où nous avons une vue plongeante sur les Aiguilles de Bavella, destination de l’après-midi. Alors que nous en profitons pour faire une petite pause avant la descente très raide qui nous attend, des lézards viennent jouer autour de nous. J’ai été très surprise de voir qu’en Corse les lézards aussi sont particuliers, moins farouches, plus gros et plus colorés que par chez moi.
La montée vers les aiguilles de Bavella est assez raide, mais franchement ça vaut vraiment le coup ! Ces formations rocheuses sont tellement impressionnantes ! Par contre, certaines zones sont très techniques, un peu comme dans le nord et il vaut mieux ne pas être sujet au vertige.
Malheureusement pour nous, comme pour le lac de Nino, ces aiguilles sont tellement renommées qu’il y avait foule de touristes et randonneurs à la journée. C’est un peu dommage… je pense que le matin ça doit être plus calme.
Autant l’ascension aux aiguilles est rapide, autant la descente jusqu’au col de Bavella est hyper longue ! J’avais vraiment hâte d’arriver et de me poser avant de regarder le match.
Sauf que.
A Bavella, aucun camping, ni refuge. Que des hôtels … Eh oui, pour le coup notre guide nous a induit en erreur et l’étape ne se termine pas à Bavella, mais au refuge de Paliri situé 5km plus loin, après encore 200m de dénivelé +.
Déception, frustration !
Je sais pas si t’imagines, 5 km et 200m de dénivelé en temps normal c’est rien, mais ce soir là j’avais l’impression que c’était impossible. Mais bon, quand y’a pas le choix, tu prends ton temps et tu t’arrêtes toutes les 5 minutes. Surtout que la tendinite avait continué son bonhomme de chemin et mon bras était vraiment enflé.
Il nous aura donc fallu une éternité pour faire 5km, mais quel plaisir d’apercevoir le refuge au milieu des pins ! Et encore plus quand nous sommes arrivés et que nous avons découvert le cadre splendide… et le peu de randonneurs ! Finalement la vie réserve bien des surprises et ça aurait été bien dommage de ne pas profiter de notre dernière soirée dans ce petit coin de paradis.
Et alors que nous pensions devoir faire une croix sur la soirée foot-bières-belges (les joueurs, pas la bière hein) nous avons découvert la TV installée et prête pour la soirée ! C’était Noël avant l’heure !
Je te laisse imaginer l’ambiance de la soirée, quand autour de la table il y avait des Français, des Corses, des Suisses, des Allemands, des Américains et des Belges ! C’est aussi ça la magie du GR®20, ces rencontres improbables et cette bonne ambiance entre randonneurs.
- Douche (très) froide dans un petit cabanon assez éloigné du refuge
- Site magnifique et emplacements de bivouac au top
Jour 11 (étape 16): Paliri-Conca en 4h
Sachant que seules 4 petites heures nous séparaient de notre arrivée, nous en avons profité pour décaler un peu notre dernier réveil. A 6h30, point trop tard non plus, faudrait pas rater l’heure de l’apéro non mais !
Je ne sais pas si c’est les restes d’alcool de la veille ou juste les effets de la dernière journée, mais contrairement à ce que j’avais imaginé, ce ne fût pas l’étape la plus sympa du GR®. Déjà, parce que le guide annonce juste 200m de dénivelé alors qu’en réalité tu es plus proche des 350. Ouais, ok c’est rien par rapport aux 1900 des premiers jours mais quand même. Psychologiquement quand t’es pas prêt c’est compliqué. Et puis surtout parce que la totalité de cette étape se fait en plein soleil et que les descentes sont bien raides.
Bref, on pensait terminer pépère, eh bien non !
Bon, le paysage est quand même fort agréable et une petite pointe de nostalgie se fait sentir quand, au détour du sentier, la baie de Porto Vecchio se dévoile quelques centaines de mètres sous nos pieds. Je me souviens avoir fait une pause à cet instant, en repensant à ces 10 derniers jours et tous ce que nous avons vécu.
Je réalise que je suis en train de réaliser mon dernier rêve, je n’en reviens pas de l’avoir fait.
Ça me semble tellement irréel, je sais déjà qu’il me faudra quelques semaines après notre retour pour reprendre pied.
Alors que nous entamons la toute dernière descente vers le village de Conca, mon bras me fait horriblement mal, mais je m’en fiche royalement. Je suis juste heureuse et fière d’avoir accompli ce challenge, et en plus en moins de temps que prévu.
Le GR®20 : Bilan et informations pratiques
Mes impressions générales
- Pour un sentier autant fréquenté, j’ai été bluffée par sa propreté ! Certes, il y a quelques coins où l’on trouve du papier toilette, mais d’une façon générale, sur la longueur du sentier et par rapport à d’autres expériences ailleurs je dois dire que oui, c’est propre et c’est tant mieux ! Bravo à tous les randonneurs, continuez comme ça !
- Nous avons toujours été très bien reçus dans tous les refuges où nous nous sommes arrêtés, que ce soit pour bivouaquer ou juste se ravitailler le midi. D’ailleurs, la charcuterie Corse et les fromages fermiers sont vraiment délicieux !
- Enfin, l’ambiance générale sur le sentier est la plupart du temps géniale. Nous avons eu l’occasion de faire de très belles rencontres, d’échanger nos bons plans sur le parcours, de discuter, de rire. En bref, un beau sentiment de partage et d’entraide. Malheureusement, nous nous sommes aussi retrouvés en présence de randonneurs totalement irrespectueux. Notamment certains groupes qui parlaient et riaient fort auprès des tentes tôt le matin, ou tard le soir pour ne citer qu’un exemple. Heureusement que ce genre de comportement n’est pas représentatif de l’ensemble des randonneurs.
- Lors de ce trek j’ai pu découvrir que j’adore les passages plus techniques. Je me suis vraiment éclatée dans le nord à grimper sur les rochers, utiliser les chaînes… Avis non partagé par le co-randonneur qui a surtout eu l’impression que certains tronçons sur le parcours avaient été créés dans le seul but d’ajouter de la difficulté. Il est vrai que pendant le GR®, un trail devait avoir lieu, et sans faire attention à un moment donné nous avions dévié du chemin du GR® pour nous trouver sur le sentier du trail, 5 mètres plus bas … et bien moins casse-gueule !
- De mon point de vue, les paysages du nord sont vraiment époustouflants ! Ceux au sud sont beaux, mais plus communs.
- Je pensais avant de partir que le nord serait bien plus difficile que le sud. Ce qui s’est avéré partiellement faux. Le nord est compliqué de par sa technicité mais les étapes sont relativement courtes. Alors que dans le sud les étapes sont ‘un peu’ plus roulantes mais plus longues. J’insiste sur le ‘un peu’ car il a encore de nombreux passages sur les crêtes ainsi que des pierriers jusqu’à l’arrivée. Donc ne te réjouis pas trop vite en arrivant à Vizzavona, des difficultés t’attendent encore dans le sud.
Matériel et logistique
Je t’invite à regarder la liste de mon matériel dans mon article sur mon matériel pour le GR20 pour te faire une idée de ce que j’ai l’habitude d’emporter avec moi.
Depuis le GR®20 j’ai néanmoins réalisé quelques ajustements, notamment un nouveau duvet, plus chaud et plus léger (le Sea to Summit Spark III et sa température confort de -2°C) et un matelas plus isolant (et plus léger).
Budget
- Billets d’avions / péage / parking : 250 €
- Bivouac / douche / électricité: 150 €
- Nourriture / bière : 400 €
- Matériel : 200 € (tout dépend du matos que tu as déjà et ce que tu comptes acheter spécialement pour le trek)
Soit environ 500 € par personne pour 11 jours ! Le GR®20 c’est très sympathique, mais clairement c’est un budget à prévoir. Et là, ce n’est le budget que si tu bivouaques et que tu ne manges pas aux refuges. Auquel cas le budget sera plus proche des 700-800€ par personne.
EDIT : si je refaisais le GR20 en 2024, du fait de l’augmentation des tarifs, notre budget serait plutôt de l’ordre de 600€ /pers.
La meilleure période
La meilleure saison pour réaliser ce trek s’étend de mi-juin à fin septembre, quand les sentiers et les cols sont tous accessibles sans neige. Tu pourras lire sur de nombreux sites et blogs de privilégier la quinzaine fin juin, pour éviter les grosses chaleurs de juillet, les orages d’août et les sources taries en septembre … mais forcément, c’est par conséquent la période où tu trouveras le plus de monde sur le sentier.
Nous avons réalisé le trek la première dizaine de juillet et franchement c’était top. Involontairement, cela tombait en même temps que la coupe du monde de football, et je ne sais pas si cela a eu un effet, mais je n’ai franchement pas trouvé qu’il y avait du monde sur les sentiers. A titre de comparaison, il y a bien plus de monde dans les Alpes à cette période.
Autre point important à prendre en compte, les refuges ne sont gardés que de mi juin à mi septembre. En dehors de ces périodes tu pourras y accéder et y loger, mais aucun ravitaillement ne sera possible et pas certaine que les douches soient accessibles non plus.
Le GR20 avec un chien, bonne ou mauvaise idée ?
Une des questions qui revient parfois, c’est de savoir s’il est possible de faire le GR®20 avec un chien.
D’après la réglementation du PNRC, rien ne s’y oppose, du moment que le chien soit tenu en laisse comme généralement dans tous les parcs. Par contre, certains aspects sont à prendre en compte:
- des portions risquent d’être compliquées pour l’animal et son propriétaire. Nous avons vu des personnes qui devaient parfois porter leur chien pour l’aider à grimper dans les zones rocheuses très abruptes.
- la roche pouvant être abrasive par endroits, cela pourrait potentiellement faire mal aux coussinets des chiens.
- compte tenu de la chaleur et de l’effort, le chien devra pouvoir boire assez régulièrement. En début de saison il y a assez de sources sur le parcours, mais cela peut être plus problématique en fin d’été.
Cela étant dit, je n’ai pas de chiens et je ne suis pas une experte en la matière, à chacun de savoir l’effort que son chien peut endurer sans que cela ne soit considéré comme de la maltraitance animale.
Le trek le plus difficile d’Europe, mythe ou réalité ?
Pour finir cet article, je vais tenter de répondre à LA question que tout le monde se pose. Est ce que le GR®20 est vraiment le trek le plus difficile d’Europe ?
… Suspense …
Et la réponse est… NON.
QUOIIIIII ?
Le GR®20 est difficile, c’est indéniable. Mais si tu le fais en 16 jours avec une étape par jour et sans prendre les variantes alpines, il reste à mon sens tout à fait abordable aux personnes un minimum sportives et préparées, de la même façon que n’importe quel autre GR®. Sa grande difficulté réside surtout dans son terrain très particulier composé à 95% de pierriers, dans les passages techniques et les conditions climatiques qui peuvent rendre certaines sections très (très) dangereuses.
Nous avons eu énormément de chance car, mis à part le passage venteux sur les crêtes et un peu de brume et de pluie alors que nous avions déjà rejoins les refuges, nous avons eu des conditions climatiques vraiment parfaites. Clairement, entre 11 jours sous le soleil et 11 jours sous la pluie, le trek n’est plus du tout le même et bien plus compliqué dans le deuxième cas, physiquement et mentalement. Et c’est donc pour être capable d’affronter ce second scénario que la préparation en amont est importante.
D’autre part, la plupart des personnes qui le font disent qu’il est très difficile car la plupart le font en moins de 16 jours, comme c’était notre cas. Et là, oui, quand tu doubles les étapes tu hausses forcément la difficulté volontairement. Il faut donc comparer ce qui est comparable.
Mais pour avoir récemment fait le GR®54 (Tour de l’Oisans et des Ecrins) dans les Alpes dans des conditions quasi similaires, j’ai personnellement trouvé le GR®54 plus difficile que le GR®20.
Il suffit juste de prendre les chiffres. Le GR®20 c’est 180km et 11 000m de dénivelé positif sur 16 étapes, alors que le GR®54 c’est aussi 180km mais 12 000m de dénivelé positif sur 13 étapes seulement ! En gros, le GR®54 c’est plus de kilomètres et plus de dénivelé par jour sur une moins longue période, à une altitude moyenne plus élevée et des passages très techniques là aussi même si le sentier est très roulant comparé au GR®20. Il n’y a quasiment pas de pierriers mais de très longues descentes bien raides.
Bref, le GR®54 est juste un exemple puisque c’est le seul que je peux te donner pour le moment, mais je pense que d’autres treks tels que le Via Alpina où même des sections de la Haute Randonnée Pyrénéenne (HRP) pour ne citer qu’eux, sont tout autant compliqués que le GR®20.
Par contre, même si les paysages des Alpes sont magnifiques, à mon avis la Corse a une grosse longueur d’avance. Et c’est sûrement là toute la différence avec les autres treks.
Si c’était à refaire ?
Il n’y a pas de « si » qui tienne. Je le referai ! Quand, je ne sais pas, mais un jour c’est certain. Soit sur 15 jours en ajoutant quelques sommets et d’autres variantes que nous n’avons pas pu faire par manque de temps ou d’énergie, soit sur 8 jours ou moins en mode ‘fast-hiking’.
Je privilégierais le sens Nord Sud encore une fois pour passer les zones les plus techniques le plus rapidement en étant encore en forme.
Je ne planifierais pas mes étapes. L’expérience m’a montrée que tout peut arriver. Le plus simple quand on souhaite doubler des étapes c’est de le faire le plus rapidement, dès que l’occasion se présente, même sur les premières étapes si tu termines avant 12h et que tu es encore en forme.
Enfin, je referais le même style de préparation physique, voire encore plus poussée si je voulais le terminer plus rapidement.
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