Découvrir la Laponie finlandaise en hiver. La seule évocation de ce séjour réveille en moi des souvenirs féeriques.
Visions fantasmagoriques d’un monde où le temps semble être suspendu. Comme pour se protéger du froid, les sapins s’emmitouflent sous une parure scintillante et les cascades se drapent d’un voile cristallin. Seuls les ballets nocturnes qui se jouent dans les cieux apportent un peu de vie au milieu de ce paysage pétrifié.
Tu l’auras compris, insatiablement amoureuse de l’hiver et de son or blanc, la Laponie était une destination de voyage dont je rêvais depuis de longues années surtout avec la perspective de pouvoir enfin voir des aurores boréales.
Après moultes recherches, c’est en Finlande, dans le parc national de Hossa, que nous avons jeté notre dévolu pour y passer une semaine en totale déconnexion. Parce que oui, la Laponie pour moi ce n’est pas du tout compatible avec le flot de touristes qui envahissent le village du Père Noël, Rovaniemi, ou les autres « villages authentiques » comparables aux barres de bétons des stations Alpines.
Hossa c’est tout l’opposé. Situé juste dessous le cercle polaire, à la frontière Russe, c’est le 40ème et dernier parc à avoir rejoint la liste des parcs nationaux de Finlande en 2017. La « ville » de Kuusamo, où se trouve l’aéroport, est à 1h du parc. C’est la ville la plus proche… donc quand je te parle de déconnexion, je te parle petites cabanes rustiques sans eau ni électricité au bord du lac. Le retour à la nature et à la vie sauvage en quelque sorte.
Bon, vie sauvage… il faut savoir qu’à l’époque (oui, ce voyage date un peu…) j’étais bien loin d’être une baroudeuse de l’extrême. Et que me taper un petit délire d’une semaine toute seule au milieu de la taïga finlandaise en plein hiver, comment dire… eh bien ça me faisait flipper !
Donc, pour une première expérience comme celle là, j’ai préféré miser sur la sécurité et j’ai fait appel à une agence pour la première fois !
Non, non, ne pars pas en courant. Je ne te parle pas de ces agences ultra-touristiques avec des groupes de 50 personnes, tu me connais, c’est pas du tout mon genre et ce serait bien à l’opposé du calme et de l’immersion que je recherche. Sache qu’il existe aussi des agences avec une charte écologique correspondant à nos valeurs et proposant des séjours en groupe de 10 personnes maximum. C’est donc avec l’une d’entre elles que nous avons réservé notre voyage en Laponie pour une semaine mi-mars.
Voici donc le programme de notre séjour pour découvrir la Laponie en hiver.
Arrivée à Hossa
Après une longue journée de transfert, nous sommes arrivés en fin d’après-midi à Kuusamo dans un tout petit coucou qui contenait une cinquantaine de touristes et même pas dix Finlandais. De l’avion la vue était très bizarre, juste un petit point lumineux dans la nuit noir. C’est très déconcertant de survoler des zones complètement noires autre que les océans.
Dès la sortie de l’avion, nous récupérons nos sacs avant de monter dans les bus à destination de Hossa. Je n’ai jamais été autant captivée par un trajet que ce soir là. Dans la nuit noire, sans aucun lampadaire et malgré une épaisse couche de neige (voire de glace) le chauffeur ne mollissait pas sur le champignon.
En arrivant au camp de base, l’équipe sur place nous répartit de suite dans nos groupes. Le nôtre était composé de trois couples de moins de 30 ans (nous inclus), un couple d’amis quadra et deux seniors, une femme de 65 et un homme de 72 ans ! Moi je dis chapeau et respect à ces deux là ! Notre guide, nous a ensuite briefé sur le programme de notre semaine à venir avant de nous laisser prendre le repas dans la salle commune et de rejoindre nos chambres, ou nos chalets individuels selon l’option que nous avions réservée.
Même si le prix est plus élevé pour les chalets individuels, rien que pour profiter du sauna privatisé je ne pouvais pas passer à côté de cette expérience !
Initiation à la vie de trappeur
Premier réveil en Laponie. Je découvre enfin, sous la luminosité rasante du matin si particulière à cette latitude, les paysages qui me faisaient tellement rêver dans les magazines.
Une immense étendue vierge devant moi et des panneaux indiquant les distances jusqu’aux villages voisins… C’est à ce moment là que je comprends soudainement que je marche sur le lac gelé !
A 9h nous retrouvons notre groupe.
Chaussés de nos raquettes, nous avons suivi notre guide à travers le parc, afin de nous initier à certains aspects de la vie de trappeur.
Pour commencer, nous avons eu droit à une explication sur la faune et la flore environnantes (nous avons ainsi découvert l’origine du nom du super-héros Wolverine, car des empreintes toutes fraîches de cet animal étaient sur notre chemin), puis à des explications sur la conduite à tenir en cas de chute dans l’eau gelée.
Ensuite, nous avons continué avec une initiation à la pêche au trou, et avons appris comment allumer un feu en pleine nature avec les moyens du bord. Nous avons aussi visité le chenil, en préparation de la journée du lendemain et fais des câlins aux tous jeunes chiots !
Pour terminer cette journée, nous sommes allés visiter un des derniers élevage de rennes dans la région, appartenant au peuple Sami. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’existe plus de rennes sauvages en Laponie. Les derniers rennes sauvages se trouvent principalement au Spitzberg ou en Islande.
Le guide nous explique alors que les Samis ont de plus en plus de mal à vivre de leurs élevages à cause des attaques de gloutons, et cela malgré les enclos fermés. Chaque année c’est plusieurs dizaines de rennes qui sont retrouvés morts au petit matin. C’est pour cette raison qu’ils profitent des quelques touristes de passage pour faire visiter leur élevage et vendre quelques pièces artisanales en bois de renne. Bois qui tombe naturellement tous les ans chez les rennes.
Après avoir participé gaiment au nourrissage des rennes avec du lichen, nous en avons donc profité pour faire quelques emplettes de souvenirs artisanaux, tel que des boucles d’oreilles en bois de renne ou des porte clés. C’est original et on est quasi sûr que ça ne vient pas de Chine.
Le magnifique coucher de soleil en fin d’après-midi nous presse à rentrer au camp de base. Il est environ 16h, nous avons donc quartier libre jusqu’au repas.
En hiver, le sauna est vraiment appréciable, et les plus téméraires vont même jusqu’à tenter le bain norvégien ! Pour faire simple, après ton sauna où tu as bien transpiré, le bain norvégien consiste à s’immerger dans un trou d’eau creusé dans la glace. Pour l’avoir tenté, je confirme que ça ravigote !
Le co-voyageur a, lui, préféré opter pour la méthode douce après le sauna afin d’épancher sa soif. Le bar !
Par contre, je te préviens, il ne vaut mieux pas avoir trop soif. Ici l’alcool c’est cher. Trèèèès cher. Il vaut mieux prévoir le budget avant de prévoir un séjour en Laponie finlandaise, au risque de quelques surprises au moment de payer la note finale le dernier jour.
Sortie cani-rando
Pour ce deuxième jour, nous testons une activité bien typique l’hiver en Laponie ! La cani-rando. Si tu n’en as jamais entendu parler, la cani-rando c’est une randonnée en raquette, mais avec l’aide d’un chien de type Husky pour te tirer, grâce à un harnais.
Outre le fait que c’est une activité un peu originale et que cela permet (normalement) de moins se fatiguer, le principal intérêt de cette sortie est le contact avec les animaux. Notre guide nous a d’ailleurs expliqué que pour les chiens, la cani-rando c’est un moyen de leur offrir une retraite agréable après les années bien plus éprouvantes de chien de traîneaux. A partir d’un certain âge, les chiens sont trop vieux et trop fatigués pour tirer des traîneaux. Mais contrairement à des chiens normaux, dit « chiens de canapés » dans le jargon des mushers, les chiens de traîneaux ne peuvent pas rester à rien faire. Ils ont besoin de se dépenser, et donc en hiver la cani-rando est l’activité parfaite tant pour les chiens que pour nous, qui pouvons en profiter pour leur faire plein de papouilles !
Comme la veille, à midi nous nous sommes arrêtés à une cabane sur les bords du lac gelé et nous avons fait nous-mêmes le feu en coupant des bûches et en «épluchant» des écorces de bouleau. Puis nous avons fait cuire le repas préalablement préparé par les cuisinières du camp de base. A l’époque je n’étais pas végétarienne, mais je détestais le saumon. Et bien figure toi, que lors de ce séjour j’ai mangé du saumon tous les jours tellement le goût est différent de celui qu’on nous vend en France ! Il est aussi bien meilleur qualitativement, il va sans dire.
Nous avons continué la randonnée au cœur de la taïga, et alors que nous rentrions vers le camp, la neige a commencé à tomber. Doucement, puis de plus en plus fort, nous obligeant presque à courir avec nos raquettes aux pieds sur le lac gelé, au plus grand plaisir des chiens !
C’était la première fois que nous nous essayions à la cani-rando, et nous avons vraiment apprécié ce mélange chien-raquettes. D’ailleurs, cette activité se pratique aussi en été, mais avec d’autres chiens que des huskys, qui supporteraient assez mal les températures estivales… et non, n’essaie pas la caniche-rando avec le chien de ta mémé !
Raid en chiens de traîneaux
Après ces deux premiers jours de « mise en jambe », nous allions enfin participer à l’activité hivernale qui nous avait fait choisir ce programme en Laponie finlandaise plutôt qu’un autre. Un raid de deux jours en chiens de traîneaux, avec nuit dans une cabane de trappeur sur les bords du lac !
L’aventure, la vraie !
Pendant ces deux jours, nous avons sillonné le parc, entre lacs gelés et tourbières, chacun avec son propre traîneau et attelage, le guide en tête. Nous étions répartis en deux groupes de cinq traîneaux (+ le guide), car cela serait bien trop compliqué pour un seul guide de gérer dix traîneaux et cinquante chiens (à raison d’environ cinq chiens par traîneau).
Le soir, nous avons participé au nourrissage des chiens, puis nous avons dormi dans une cabane avec un confort assez sommaire, sans électricité, mais avec un sauna à bois ! Pour se laver, la technique consiste à se rouler dans la neige. Oui, oui !
Nous avons profité de cette nuit dans la nature pour admirer le ciel étoilé. Sans pollution lumineuse, c’est impressionnant le nombre d’étoiles que l’on peut voir à l’œil nu ! Depuis le début du séjour nous espérions tous voir une aurore boréale, mais le ciel est capricieux. Ce ne sera pas pour cette nuit là.
Ces deux jours restent, sans aucun doute, le meilleur souvenir de notre voyage. J’avais déjà eu l’occasion de conduire un attelage de chiens, une activité phare en hiver dans le Haut Doubs en France, mais pas sur cette durée ni dans cet environnement merveilleux. Et en deux jours, il faut dire qu’on a le temps de s’attacher à nos compagnons canins…
Ce raid nous a aussi permis de nous rendre compte de la dure réalité du métier de musher (la personne qui conduit un traîneau de chiens), et de comprendre que les chiens de traîneau ne sont pas des chiens « de canapé ».
En effet, il ne faut pas oublier que ces chiens vivent en meute et ont donc un comportement social différent de celui d’un chien domestique. Au sein de leur meute, il existe des dominants et des dominés, mais sur le traîneau, une autre hiérarchie s’installe, puisque tous doivent suivre le chien de tête (qui peut être un chien dominé dans sa meute). Si la hiérarchie n’est pas respectée, ils peuvent être très agressifs les uns envers les autres, jusqu’à se battre à mort. C’est pourquoi il est important de les séparer lorsque ça se produit.
Si tu adores les animaux et que tu veux faire des balades en chiens de traîneaux, il te faut être conscient.e que les chiens peuvent se prendre de vraies « raclées » par les guides pour éviter qu’ils ne s’entre-tuent. Nous avons été témoins de plusieurs agressions entre les chiens lors de ces deux jours, et c’est vrai que c’était assez brutal. C’est donc intéressant de le savoir avant, pour éviter d’être surpris.e quand ça se produit et de penser à tort qu’il s’agit de maltraitance animale.
Raid de deux jours en motoneige
Pour terminer notre découverte de la Laponie en hiver, après les chiens, place à la motoneige !
Cette fois-ci, nous étions deux par motoneige et échangions régulièrement nos places conducteur/passager. Toujours au cœur du parc, la vitesse de la motoneige nous a permis de nous éloigner un peu et d’accéder à des endroits reculés du parc comme celui du lac canyon qui débouche sur une cascade de glace.
Tu penses peut-être qu’au bout de quelques jours on peut trouver les paysages assez redondants et monotones avec toute cette neige. Et bien pas du tout ! Il faut dire qu’entre les chiens et la motoneige nous n’empruntions pas du tout les mêmes sentiers. Avec les chiens nous longions surtout le bord des lacs, là où il restait encore de la neige et pas juste de la glace. Alors qu’avec la motoneige nous glissions en plein milieu des lacs ! Je te laisse imaginer la sensation de vitesse et de liberté que cela peut procurer !
Pour info la vitesse maximum sur les chemins forestiers est de 40km/h et sur les lacs 90km/h ! Je me suis régalée à conduire cette grosse machine et à faire des pointes sur le lac 🙂
Tout comme pour le raid avec les chiens, nous avons passé la nuit dans une cabane de trappeur en bord de lac. Une nuit historique, à jamais gravée dans ma mémoire.
Je te raconte la discussion assez improbable de ce soir là, alors que nous nous apprêtions à manger notre dessert. Un de nos coéquipiers demande nonchalamment au guide:
« Dis, les aurores boréales ça fait comme un voile vert qui bouge dans le ciel ? »
« Oui, pourquoi? »
« Ben, j’crois que c’est ce que je vois dehors là… »
Nous n’avons jamais été aussi rapides pour enfiler nos 5 couches et nos grosses bottes pour sortir de la cabane et aller voir ce spectacle indescriptible.
Quel émerveillement ! Impossible de te décrire l’émotion à ce moment là, c’était tellement beau et magique. Je peux te dire que j’étais bien contente d’avoir trimbalé mon trépied toute la journée pour pouvoir immortaliser cet instant !
Pendant presque une heure, je suis restée dehors, les pieds et les mains gelées mais le cœur submergé par l’ivresse de l’instant. Je ne pouvais décrocher mes yeux de ce ballet incandescent, pure merveille de la nature.
Le lendemain, des étoiles encore plein les yeux, nous avons continué notre promenade non sans avoir refait le plein de nos compagnons motorisés. Le soleil étant toujours de la partie, le guide nous a proposé un barbecue en pleine nature. Pour ce faire, nous avons réalisé le feu de bois directement dans un trou dans la neige.
Convivialité garantie !
Par contre, il faut manger assez rapidement, car avec la chaleur, la neige fond et le trou se creuse de plus en plus… au risque, pour les traînards, de devoir aller chercher leur dessert quelques mètres plus bas !
Grande adepte de sensations et de vitesse, tu comprendras que j’ai aussi adoré ces deux jours. Même si je t’avoue que j’ai provoqué quelques sueurs froides à mon co-voyageur (c’est pas moi, c’est l’arbre qui bouge)… Et puis, l’aurore boréale restera incontestablement le moment le plus magique de ce voyage en Laponie Finlandaise.
Visiter la Laponie en hiver : mon bilan
Pour une première avec un guide, c’est bien simple : nous avons A-DO-RÉ ! J’ai même fait une petite déprime post-vacances à notre retour… Il faut dire que toutes les conditions étaient réunies pour un voyage parfait :
- Un groupe génial et une super ambiance au rendez-vous !
- Le temps superbe : il a fait beau tous les jours, avec des températures très agréables pour la saison (5°C en moyenne pour la mi-mars).
- Des paysages sublimes
- Une aurore boréale
- Des repas super bons : pour te faire un peu saliver, nous avons notamment mangé de la truite et du saumon frais, des hamburgers, des cakes, des hot-dogs… Avec toujours un bon petit dessert cuit sur le feu, comme des bananes au chocolat, ou même une fondue au chocolat lors d’une soirée de raid ! La nourriture au camp de base était tout aussi délicieuse.
- De supers activités !
Niveau budget, compte environ 2500€ par personne avec une agence, vol inclus, plus les petits extra au bar et le pourboire pour le guide.
Note : ce voyage d’hiver en Laponie datant de 2015, il est possible que les tarifs aient évolués depuis.
Conseils et informations pratiques
Si je t’ai donné envie d’aller voir ces merveilleux paysages de Laponie en hiver, sache que nous sommes passés par l’agence Terres d’Aventure spécialisée dans les voyages à pied et les petits groupes.
Concernant le temps, nous avons eu la chance d’avoir des températures assez douces pour la saison, mais en hiver, celles-ci peuvent descendre à -30, voire -40°. Il faut donc bien s’équiper en conséquence, sachant tout de même que les bottes et la veste grand froid, ainsi que la combinaison de motoneige, sont prêtées sur place.
Pour info, nous avions prévu :
- deux pantalons de ski (un léger et un chaud),
- deux collants thermorésistants en laine mérinos ou synthétique,
- des sous-pulls techniques et thermorésistants et des vestes polaires gore-tex,
- des sous-gants et des gants en plumes de canard ou d’oie (la plume est la matière qui tient le plus chaud),
- une chapka (que je recommande à tous ceux qui ont vite froid aux oreilles, et qui ne supportent pas les bonnets qui remontent tout seuls),
- des lunettes et un masque de ski.
Et si tu souhaites t’occuper intelligemment pendant ton vol vers la Laponie, alors je te recommande le très bon livre Le Lièvre de Vatanen, de Arto Paasilinna, qui raconte l’aventure rocambolesque et tout en humour d’un homme et de son lièvre en Finlande.
Et toi ? Rêves-tu de découvrir la Laponie finlandaise en hiver? Ça te donne envie, le côté aventure ?
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