Si tu atterris ici un peu par hasard en espérant trouver une vidéo coquine, désolée de te décevoir. Mis à part ce nom insolite du Sex des Branlettes, cet article ne parlera que de randonnée et rien d’autre (même si ce ne sont pas les mauvais jeux de mots qui me titillent l’esprit ^^ ). En effet, le Sex des Branlettes désigne bel et bien un vrai sommet des Alpes bernoises en Suisse, et c’est de la randonnée autour de ce sommet dont il sera question aujourd’hui.
Avant d’aller plus loin, comme je lis l’incrédulité dans ton regard « Mais qui a pu bien nommer un sommet comme ça ? », je te rassure, il ne s’agit pas du résultat d’un pari perdu (quoi que cette raison aurait été très drôle). On doit ce nom original à son origine latine « Sex » (qui se prénonce sé), pour « rocher » et « Branlettes » pour « ciboulette »… Aussi cocasse que cela puisse paraitre, le Sex des Branlettes n’est autre que le Rocher de la Ciboulette. Voilà, ne me remercie pas, libre à toi de partager avec joie cette information lors de tes prochains repas de famille.
Je tiens à préciser que cette randonnée s’adresse à des randonneurs aguerris, n’ayant pas peur du vide puisque le parcours comprend un passage technique très engagé jusqu’au col des chamois nord. De facto, cette boucle est fortement déconseillée en cas de brouillard ou de mauvais temps.
Le tour du Sex des Branlettes - En résumé
Départ / Arrivée:
Pont de Nant
Durée:
5h
Distance :
14.5km
Dénivelé :
1400m
Difficulté:
Difficile (4/5) / T4
La cabane de plan Névé
Depuis le parking du Pont de Nant, dans la commune de Bex, nous entamons ce qui s’annonçait être une belle randonnée sous une belle journée ensoleillée.
Après plusieurs centaines de mètres à longer la rivière tout en essayant de distinguer la cabane de plan névé sur les hauteurs, nous bifurquons dans les sous-bois d’où nous entamons la longue ascension de 4km jusqu’au refuge. Il n’est même pas 9h et il fait déjà chaud, ça promet ! Autour de nous, les hauts sommets vaudois nous regardent, la cime dans les nuages. Cela ne m’inquiète pas plus que ça, j’ai vérifié 15 fois la météo avant de venir et c’est un grand ciel bleu qui est prévu. Je me rassure en me disant que c’est juste le temps que ça se dégage…
Au bout de 2km, après une courte hésitation sur le sens de la randonnée, nous optons pour continuer dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Ce dernier semble semble moins fréquenté par les randonneurs qui continuent tous sur l’autre sentier.
Des sous-bois, le chemin débouche ensuite sur de vastes prairies d’alpage où, de chaque côté du sentier, quelques biquettes nous encouragent dans notre progression en faisant tinter leurs cloches à notre passage. Sur le versant nord, la rosée du matin fait scintiller les nombreuses fleurs qui jonchent le sol. C’est bucolique à souhait !
Mais dès le 3ème kilomètre, changement radical de décor. Les pâturages verdoyants laissent place à un paysage austère, minéral, où règnent la roche et la caillasse. Au dessus de nous, le plafond nuageux, loin de s’éloigner semble plutôt se rapprocher de nous, nous ôtant toute visibilité sur les sommets environnants. Tant pis, nous on est venu pour randonner on va continuer. Qui sait, on sera peut-être au dessus des nuages tout là haut ?
Nous terminons cette première ascension à notre rythme pour bien appréhender les pentes bien raides par endroit. Et, oh surprise ! Depuis la terrasse de la cabane de plan névé, le gardien avait sortis son Cor des Alpes (j’avais pourtant dit pas de mauvais jeux de mots !) et c’est au rythme d’une superbe mélodie que nous avons terminé la dernière centaine de mètres jusqu’à lui ! Dans cet amphithéâtre naturel, je te laisse imaginer la résonnance… Moi qui suis habituellement totalement contre la musique à pleine balle quand je randonne, je dois bien t’avouer que ça ne me déplairait pas d’être accueillie plus souvent de cette façon.
Le décor, la musique… c’était un moment vraiment merveilleux.
Le col des Chamois nord
La vue depuis le col de plan névé est magnifique!
Enfin, du moins ce que nous pouvions voir 🙂 Les nuages semblaient en effet définitivement bien accrochés aux sommets, nous empêchant de profiter complètement du panorama sur le Grand Muveran. Mais ce cirque rocheux, encore bien enneigé malgré la saison, était malgré tout vraiment impressionnant.
La question qui se posait maintenant était de savoir si nous continuions ou si nous rebroussions chemin. En effet, nous venions de réaliser le plus gros du dénivelé, mais la partie technique restait à venir. En préparant la randonnée, j’avais pu voir que le passage jusqu’au col des chamois nord était un peu technique avec des câbles, mais cela ne m’inquiétait pas trop du moment qu’il ne pleuvait pas. Et finalement, parce que notre expérience au Stockhorn quelques mois plus tôt ne nous avait rien appris, nous nous somme dit que tant qu’à être montés jusque là, autant continuer.
A partir du refuge, nous arrêtons donc de suivre le balisage rouge et blanc pour continuer avec le bleu et blanc, synonyme de randonnée alpine très difficile, nécessitant parfois du matériel pour les passages exposés. Bien sûr, nous n’avions rien de tout cela. On n’est pas à un mort près. *humour noir*
Sur environ 500 mètres, le chemin est bien balisé sans aucune difficulté. Un premier petit passage câblé nous permet de prendre de la hauteur rapidement. Jusque là, tout va bien même si nous entrons progressivement dans la brume et que passé les 2500 mètres ça commence à cailler sévère. Heureusement, il n’y avait pas un souffle de vent, sans quoi nous n’aurions probablement pas continué. On est un peu insouciants, mais pas non plus complètement tarés. Confiants, on reste positif en se disant que de l’autre côté du col il fera beau. #optimistesunjour
Nous progressons donc dans une vraie purée de pois, sur un petit sentier au milieu des rochers, sans voir ni savoir ce qu’il y a dessous nous. Une paroie verticale à pic ? Une belle étendue d’herbe ? Aucune idée et c’était franchement le plus flippant dans cette histoire. J’avais l’impression de marcher sur une arrête juste à côté du vide où le moindre faux pas me serait fatal. Sans parler qu’avec le brouillard, nous devions redoubler de vigilance pour suivre le balisage. C’est tellement facile de se perdre dans ces conditions ! Le co-randonneur avait quand même activé son GPS sur son téléphone afin de s’assurer que nous restions bien sur le sentier. Celui-là même qui nous indiquait que nous venions d’arriver au Gros Sex (ça ne s’invente pas !). Depuis ce petit promontoire, le panorama est, en temps normal, magnifique (ce que me confirme Google Map), mais là impossible de voir quoi que ce soit.
Pas la peine de s’arrêter, nous poursuivons notre ascension au milieu des rochers. Le col des chamois n’était plus qu’à quelques mètres de nous, nous allions pouvoir savoir rapidement si le soleil nous attendait de l’autre côté.
Entre nous, j’étais tellement focalisée à suivre le balisage et à ne pas perdre le co-randonneur de vue que la difficulté ne m’a pas paru si extraordinaire que ça comparé à ce qui était annoncé.
Enfin, ça c’était avant.
Avant de nous retrouver face à un mur rocheux vertical (70% de pente). Et un câble. Et c’est tout.
Voilà, nous allions devoir monter ce mur d’au moins 5km de haut (je ne voyais pas le haut c’était dans le brouillard donc …) juste à l’aide de nos mains (et un peu de nos pieds). On aurait pu faire demi-tour, mais comme on ne voyait pas le col, on pensait que c’était l’histoire de 3-4 mètres. Hahahahaha, les naïfs. En vrai ça faisait 85m. Et c’est trèèèès long.
Pour tout t’avouer je pense qu’on est déjà passé par des portions pires que ça, que ce soit lors du Gr20 ou du GR54, mais le fait d’être dans le brouillard ne nous rassurait pas du tout.
Si je suis là à t’écrire notre épopée c’est bien parce que nous sommes finalement arrivés au col, vivants et entiers. Mais les genoux qui tremblaient un peu, je l’avoue !
Le col des Essets
Et là je sens ton impatience, alors la vue ????
Pas de bol, les nuages nous suivaient et on ne peut pas dire qu’on voyait grand chose. On était « un peu » déçu. Enfin moi surtout parce que le co-randonneur s’en fichait royalement de la vue et se demandait juste comment on allait faire pour descendre de ce p*** de col. Parce que oui, petit détail qui a son importance, le col des chamois nord se situe juste à côté du glacier de Paneirosse. Et qui dit glacier dit… névés !
Et donc un bon gros tas de neige glacée s’étalait sur le sentier juste dessous le col.
On s’est dit qu’on réfléchirait mieux le ventre plein, donc on a profité d’être dans un coin relativement protégé du courant d’air pour casser la croûte et accessoirement essayer de deviner où pouvait bien se cacher le Sex des Branlettes dans tout ça. Finalement, notre patience aura payé puisqu’au moment de repartir, les nuages ont commencé à lever le camp eux aussi. Ca ne résolvait pas notre problème de névés mais ça remontait un peu le moral de voir le soleil briller de nouveau entre deux parties de cache-cache avec les nuages.
Doucement mais sûrement nous sommes redescendus de notre col en direction du névé d’où l’on espérait pouvoir mieux appréhender la suite du parcours.
Voyant la quantité de neige, et la difficulté à descendre sans tomber ou se tordre une cheville, le co-randonneur n’a pas hésité à mouiller le pantalon (et le caleçon). Et vu comment ça avait l’air drôle, j’ai fait pareil ! Après en avoir bien chié à la montée, le plaisir de glisser sur la neige moitié verglacée valait toutes les culottes mouillées du monde 🙂
En bas du névé, en se retournant, wahou, la claque ! On vient de tout là haut ? On a descendu tout ça ? Impressionnant ! Les nuages s’étant bien dissipés on pouvait enfin contempler à loisir ces grandes barres rocheuses qui s’étiraient à l’horizon, dominées par le Sex des Branlettes au premier plan. A ce moment là j’étais bien contente de ne pas avoir fait le tour dans l’autre sens, parce que clairement, on n’aurait jamais pu atteindre le col !
Malgré la neige on distingue par endroit quelques dalles de lapiaz ainsi que les structures plissées des barres rocheuses, bien particulières à cette région. A certains endroits, la montagne semble avoir été à moitié retournée comme une crêpe ratée. C’est assez surprenant et impressionnant à la fois.
Passés les derniers restes de névés, nous quittons rapidement les paysages lunaires et minéral pour retrouver la verdure des alpages.
Arrivés au col des Essets nous comprenons que tous les randonneurs qui empruntaient le sentier dans l’autre sens venaient en fait ici ! La vue est certes sympa, mais moins que ce que nous avions pu voir jusqu’à présent. Nous préférons continuer et rentrer tranquillement au parking.
La fin de la randonnée se déroule dans un cadre champêtre, sans grande difficulté puisqu’il ne s’agit que de descente.
Informations pratiques
Difficulté et variantes
Tu l’auras compris cette randonnée autour du Sex des Branlettes ne s’improvise pas. Classée T4 selon la cotation suisse, il s’agit d’une belle randonnée avec plusieurs passages exposés et engagés. Inutile de préciser que si tu as peur du vide, il vaut mieux éviter le secteur.
Nous l’avons réalisé mi-juillet et c’était clairement encore tôt dans la saison pour bien en profiter, les névés étant encore trop présents.
A moins de pratiquer l’escalade, aucune ascension de sommet n’est possible le long de ce parcours.
Il existe cependant plusieurs autres randonnées depuis le parking:
– une bien sportive (T4) pour monter au sommet du Grand Muveran
– le tour de l’Argentine, T3 (13km / 1000mD+ / 5h)
– boucle autour de la pointe des Savolaires
Tu trouveras tous les sentiers sur le site de la randonnée en Suisse, Suisse Mobile.
Parking
Un grand parking gratuit est disponible à côté de l’auberge à Pont de Nant.
Buvette et restauration
Plusieurs points de restauration sont présents sur le parcours.
Au début/à la fin à l’auberge de Pont de Nant, vers le deuxième kilomètre, puis le refuge de Plan Névé et enfin vers la fin de la randonnée la buvette de la Vare.
Tu avais déjà entendu parlé du Sex des Branlettes ? Tu as d’autres randonnées sympa à me recommander ? N’hésite pas à partager tes bons plans en commentaire.
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